 Pour un jeune conducteur du XIXe siècle, le nom de Gordini est associé aux verions sportives de la Twingo et de la Clio. Le passionné se souviendra, lui, que dans les années 1960, des R8 bleues, à bandes blanches, portaient ce nom et s’illustraient dans les épreuves de rallye les plus prestigieuses ou faisaient la loi dans une France de routes nationales et départementales. Celui qui hante encore aujourd’hui les courses de côtes et les épreuves régionales aura peut-être eu la chance de voir une de ces voitures batailler avec une Simca 1000 Rallye III, son éternelle rivale. Mais le nom de Gordini est aussi et avant tout celui d’un homme, qu’on appelait... le Sorcier.Amédée Gordini : le Sorcier
Il était une fois un petit Italien -qui semble avoir été bercé au vrombissement des moteurs de course. Né en 1899, Amédée entre en apprentissage en 1911 chez un concessionnaire Fiat, à une époque où l’automobile n’en est qu’à ses balbutiements. Deux ans plus tard, il trouve une place chez Isotta Fraschini, l’un des constructeurs les plus prestigieux, sous les ordres d’un certain Alfiero Maserati... Au début des années 20, Amédée vient en France, où il ne tarde pas à s’établir à son compte, à Suresnes, où il prépare des Fiat, puis, logiquement, des Simca, alors simples répliques des voitures italiennes. Juste avant la guerre, en 1939, une Simca Gordini remporte l’indice de performance des 24 Heures du Mans. Dans les ateliers du boulevard Victor, où Gordini s’est installé, les placides mécaniques sont comme ensorcelées et la réputation du Français adoptif va grandissant. Gordini épingle les plus beaux trophées en confiant des volants aux plus grands : le prince Bira, Fangio, Wimille, Sommer, Bayol, Manzon, Trintignant, Berha. Malgré cela, les difficultés financières assaillent le Sorcier qui n’a pas, à l’époque, des sponsors comme la Seita ou le Loto... En 1957, à bout de souffle économiquement, Gordini quitte le monde des circuits et passe sous la coupe bienveillante de Renault. Une seconde carrière commence.
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