Février 1960 : la 203 s’arrête ; Peugeot n’a plus qu’un modèle en production, la 403, proposée désormais en deux motorisations de 8 CV fiscaux (403-8) et 7 CV fiscaux (403-7), cette dernière reprenant le moteur de la défunte 203 ; une 403 Diesel est également proposée depuis septembre 1959. Est-ce le retour au modèle unique ? En mai, la réponse est apportée à cette question, en forme de démenti, avec la présentation de la 404.
Les accords avec le grand carrossier italien n’avaient pas porté tous leurs fruits avec la 403, tant les stylistes de Sochaux avaient modéré le crayon magique du grand créateur italien. Avec la 404, celui-ci tient sa revanche : la nouvelle Peugeot adopte des lignes tendues, des feux arrière flammes, qui contrastent radicalement avec les rondeurs et, il faut bien le dire, la lourdeur de la 403. La nouvelle Peugeot ne peut renier l’influence italienne, surtout lorsqu’on la gare à côté d’une Fiat 1800/2100, signée aussi Pininfarina.
Comme la 403 en 1955, la 404 marque une montée en gamme prudente, sanctionnée par le gain de I CV fiscal (un argument alors très commercial), résultat d’une légère augmentation de cylindrée (1 618 cm 3 contre 1 468 cm 3) obtenue par un petit accroissement de l’alésage (84 mm contre 80 mm). De ce fait, la puissance passe de 58 à 72 ch, et la vitesse de pointe de 135 km/h à 142 km/h, le cap fatidique et hautement symbolique des "140" étant franchi, rapprochant la nouvelle Peugeot de l’intouchable Citroën DS, qu’elle cherchera toujours en vain à concurrencer. Proche du moteur de la 403, celui de la 404 connaît pourtant une nette évolution comme on le verra plus loin.
Sans qu’on puisse vraiment parler d’un nouveau moteur, l’évolution est notable par rapport à celui de la 403, une évolution marquée, en particulier, par un renforcement de nombreux composants, par l’adoption d’une nouvelle culasse à chambres de combustion à calotte sphérique décalée, et par une distribution (toujours par arbre à cames latéral et culbuteurs) retravaillée. Le moteur est désormais incliné à 45° vers la droite d’où, également, de nouveaux collecteurs d’admission et d’échappement.
Présentée avec une alimentation par caburateur, la 404 devient la première voiture française de grande série à bénéficier d’une injection (mécanique), d’abord sur le coupé et le cabriolet (printemps 1962), la berline la recevant en septembre 1962 et voyant sa puissance passer d’un coup à 85 ch (2 ch de plus que la DS de la même année).
Au Salon 1966, Peugeot réédite la coup de la 403-7, en présentant la 404-8, qui hérite du moteur de 1 648 cm 3 issu de la 403-8, et dont étaient déjà équipées les versions Commerciale et berline Administrations. La voiture ne roule plus qu’à 135 km/h.Le moteur de la 404-9 connaît un certain nombre de modifications qui portent sa puissance à 80 ch, notamment par augmentation du taux de compression qui passe de 7,6 : 1 à 8,3 : 1. La 404-9 roule maintenant à 150 km/h.
En 1965, le Coupé à injection verra sa puissance passer à 96 ch SAE, lui permettant d’atteindre 160 km/h ; ce sera le point culminant de l’évolution du moteur essence.
D’abord dotée (en version familiale) du Diesel Indenor Type 85 de la 403, la 404 reçoit au Salon de 1962 un Type 88, dont la cylindrée passe de 1,81 à 1,9 1 (il équipera ensuite certaines 504 D jusqu’en 1977). C’est avec ce moteur qu’une 404 spéciale battra de nombreux records en 1965.
Berline, Familiale et Commerciale, Coupé et Cabriolet, la 404 aura connu une évolution de gamme rapide et complète (comme en son temps la 403), à laquelle il faudrait ajouter les versions Plateau bâché et Ambulance. Comment ne pas évoquer aussi sa fantastique carrière outre-mer, qui a notamment forgé la réputation de Peugeot en Afrique.
404-9(1960)
Cylindrée 1 618 cm 3 - Alésage 83 mm - Course 73 mm -
Alimentation carburateur - Puissance réelle 72 ch SAE -
Puissance fiscale (CV) 9 CV - Vitesse maxi 142 km/h
404 injection (1961)
Cylindrée 1618 cm - Alésage 83 mm - Course 73 mm -
Alimentation injection - Puissance réelle 85 ch SAE -
Puissance fiscale (CV) 9 CV - Vitesse maxi 155 km/h
404 Commerciale (1963)
Cylindrée 1 468 cm3 - Alésage 80 mm - Course 73 mm -
Alimentation carburateur - Puissance réelle 66 ch SAE -
Puissance fiscale (CV) 8 CV - Vitesse maxi 125 km/h
404 Diesel familiale et commerciale (1963)
Moteur Indenor 85 - Cylindrée 1 816 cm 3 - Alésage 85 mm -
Course 80 mm - Puissance réelle 55 ch SAE -
Puissance fiscale (CV) 7 CV - Vitesse maxi 110/120 km/h
404 Diesel berline (1964)
Moteur Indénor 88 - Cylindrée 1 948 cm3 - Alésage 88 mm -
Course 80 mm - Puissance réelle 68 ch SAE -
Puissance fiscale (CV) 8 CV - Vitesse maxi 130 km/h
404-9(1965)
Cylindrée 1 618 cm3 - Alésage 83 mm - Course 73 mm -
Alimentation carburateur - Puissance réelle 76 ch SAE
Puissance fiscale (CV) 9 CV - Vitesse maxi 146 km/h
404 injection (1965)
Cylindrée 1 618cm - Alésage 83 mm - Course 73 mm -
Alimentation injection - Puissance réelle 96 ch SAE -
Puissance fiscale (CV) 9 CV - Vitesse maxi 160 km/h
404-9(1967)
Cylindrée 1 618 cm 3 - Alésage 83 mm - Course 73 mm
Alimentation carburateur - Puissance réelle 80 ch SAE -
Puissance fiscale (CV) 9 CV - Vitesse maxi 150 km/h
404-8 (1968)
Cylindrée 1 468 cm3 - Alésage 80 mm - Course 73 mm
Alimentation carburateur - Puissance réelle 66 ch SAE
Puissance fiscale (CV) 8 CV - Vitesse maxi 135 km/h
Sans constituer en soi une révolution, la ligne de la 404 est jugée, à sa sortie, élégante et raffinée. Pininfarina, ayant tiré sans doute la leçon de la gestation de la 403 n’a pas vraiment donné dans l’originalité : la 404 montre une évidente parenté avec la Fiat 1800/2100, qui connaît un grand succès en Italie depuis 1959. Sa ligne plus fluide (mais guère plus aérodynamique pour autant) et tendue n’est pas sans évoquer, non plus, celle des Simca du début des années 60.
Elle plaira à la clientèle toujours assez conformiste du constructeur de Sochaux, rassurée également de constater que la 404 reprend fidèlement la philosophie technique des modèles précédents.
La grande famille des "Peugeotistes" adoptera la nouvelle voiture rapidement, lui assurant un succès de 15 années jamais démenti. La version injection à intérieur cuir satisfera les plus exigeants, redonnant à Peugeot un vrai haut de gamme, que le constructeur n’avait plus depuis la disparition, avant-guerre, de la 402.
Le Coupé constitue la version à toit tôlé du Cabriolet. Celui-ci, doté du hard-top concurrencera sérieusement le coupé. Les deux modèles bénéficieront du moteur à injection développant 85, puis 96 ch SAE, leur permettant d’atteindre 160 km/h ; une vitesse honorable pour l’époque, mais qui ne permettra pas au modèle d’afficher le caractère sportif que sa ligne laissait supposer.
Alors que les cabriolets 203 et 403 n’étaient que des berlines retravaillées, avec coffre surdimensionné, le Cabriolet 404 n’utilise aucun des emboutis de la berline. C’est donc une voiture totalement "originale", dessinée par Pininfarina, auquel on reprochera cependant d’avoir pratiqué une copie pratiquement conforme d’une autre de ses créations : le Cabriolet Fiat 1600.
La voiture n’en est pas moins très élégante. Elle est entièrement assemblée dans les ateliers du styliste, en Italie, d’où la présence de l’écusson Pininfarina sur les flancs inférieurs arrière du véhicule. Le cabriolet pourra bénéficier d’un hardtop à partir du Salon de Paris 1962. Plus de 10 000 cabriolets seront fabriqués jusqu’en 1968.
Parfaitement fiable car résultant d’une lente évolution initiée par la 203, la 404 fera la démonstration de son exceptionnelle robustesse dans la plupart des grands raids. Elle régnera en maître sur l’East African Safari, l’une des épreuves les plus prestigieuses du genre. Peugeot y gagnera une réputation commerciale inébranlable en Afrique.
Mais la 404 se fera aussi voiture de record, avec ce curieux coupé mono-, place à moteur Diesel qui, du 4 au 14 juin 1965 établira quelque 40 records, faisant la démonstration qu’un moteur Diesel pouvait être sûr et très rapide : la voiture parcourra à Montléry près de 4 000 km en 24 h sans s’arrêter autrement que pour ravitailler, à plus de 160 km/h de moyenne.