Salon de l’Auto 1954 : en dépit des rumeurs, le stand Peugeot n’expose toujours qu’un modèle unique, la 203, dont le succès se confirme d’année en année.
Pourtant, le 20 avril 1955, les concessionnaires de la marque sont invités à découvrir la nouveauté tant attendue : la 403, conçue pour épauler le cheval de bataille de la marque, et qui ne remplacera d’ailleurs définitivement la 203 que 5 ans plus tard, lorsque sera lancée une autre Peugeot promise à un bel avenir : la 404.
On sait que la 203 n’était pas une pure création des stylistes de Sochaux, l’influence américaine s’étant alors clairement fait sentir. Pour la 403, le plus conservateur des constructeurs français d’alors subit l’irrésistible tentation italienne, en la personne de l’un des plus brillants créateurs latins : Battista Farina, surnommé Pinin (d’où la marque Pinin Farina, devenue Pininfarina). C’est à lui qu’est confié le projet, sous la surveillance étroite des stylistes maison. La 403 sera une Peugeot à l’italienne… à la mode de Sochaux. L’étroite marge de manœuvre laissée au grand styliste le conduira à élaborer un projet finalement très neutre, peu aérodynamique, qui n’était pas sans rappeler les Fiat de milieu de gamme du début des années 1950. Farina devra attendre quelques années encore pour prendre sa revanche avec la 404 (dont la parenté avec d’autres italiennes sera d’ailleurs tout aussi flagrante).
Alors que la plupart des petits constructeurs français approchent doucement mais sûrement de la ruine, que Citroën se lance dans l’aventure de la haute technologie, (et ne va pas tarder à connaître une nouvelle fois d’importants problèmes de fiabilité sur sa DS), que chez Panhard on continue de travailler au micromètre plutôt qu’au pied à coulisse, Peugeot, plein de sagesse, tourne le dos à l’aventure et décide de poursuivre dans la voie tranquille du conformisme, ouverte avec brio depuis plusieurs années par la 203. La nouvelle Peugeot est techniquement très proche de la 203 dont elle reprend fidèlement l’architecture : l’ère du moteur longitudinal et de la propulsion assurée par un tube de poussée et un essieu rigide à l’arrière est encore loin de s’achever chez Peugeot, la traction y étant considérée comme une hérésie. La philosophie sochalienne est à l’amélioration des acquis, meilleure façon de conserver une clientèle sécurisée par les maîtres mots de la publicité commune aux deux modèles, qualifiés de “confortables, sûrs et économiques”.
Le changement dans la continuité
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Version économique destinée à remplacer la 203 (dont elle reprend |
• Ligne nouvelle, mais mécanique très proche de la 203, la nouvelle voiture est cependant plus puissante (58 ch contre 45), nettement plus rapide (135 km/h contre 120, voire 110 pour la 203 L), plus habitable et pour tout dire plus cossue (n’affiche-t-elle pas 1 CV fiscal de plus, signe qui, à l’époque, ne trompe pas ?).
• Le moteur reste un quatre-cylindres en ligne à arbre à cames latéral, à bloc en fonte et à chemises humides amovibles, à culasse en alliage léger (Alpax) à chambres de combustion hémisphériques incorporant, désormais, les conduits d’admission, d’où la possibilité de fixer le carburateur directement sur le cache-culbuteurs. Seule, pratiquement, diffère la cylindrée, portée de 1 290 cm3 à 1 468 cm3 par accroissement de l’alésage de 5 cm.
• En 1960, la 403 s’enrichira d’une “nouvelle version” (403-7, par opposition à la 403-8), dotée du moteur de la… 203, désormais retirée du catalogue.
• Côté suspension, rien de bien nouveau non plus : la 403 retrouve une architecture à roues indépendantes à l’avant, associées à un ressort à lames transversal, l’essieu arrière rigide bénéficiant, lui, de ressorts hélicoïdaux.
• Depuis le printemps 1954, la 203 bénéficie d’une nouvelle boîte de vitesses (type C2) à 4 rapports tous synchronisés et 4e surmultipliée ; il était donc naturel que la 403 en héritât. Il faudra attendre la 404 pour que le 4e rapport soit en prise directe.
• L’embrayage est de type mécanique à disque unique. Cependant, la 403 peut bénéficier d’un embrayage automatique par coupleur Jaegger électromagnétique à partir du début de l’année 1958, une solution visant à répondre à la concurrence de la DS, mais aussi à celle de la Frégate Transfluide et de la Simca Aronde Simcamatic.
• À partir du Salon 1959, la 403 sera la première berline française à recevoir en série un moteur Diesel, d’origine Indenor (type 85) ; elle fera la joie des chauffeurs de taxi.
Lancée seulement en berline 4 portes, la 403 s’enrichit des versions Cabriolet et Familiale/Commerciale au Salon 1956 (auxquelles il faudrait ajouter les versions plateau, camionnette bâchée et ambulance). L’esthétique de ces modèles restera pratiquement inchangée pendant toute leur durée de vie, le capot ayant perdu son lion en 1959.
Directement dérivé de la berline, le Cabriolet décapotable offre un immense coffre arrière qui réduit curieusement la voiture à une 2 + 1 sans véritable gain esthétique. La voiture bénéficie de nombreuses améliorations techniques et de quelques chevaux supplémentaires. La publicité vise alors une clientèle féminine. Comment aurait-on pu imaginer, à Sochaux, qu’un célèbre inspecteur américain révolutionnerait son image.
Avril 1955 : présentation de la 403 “N4”, en configuration berline 4 places, finition luxe à toit ouvrant.
Salon 1955 : sortie d’une version N4 Z, sans toit ouvrant.
Août 1956 : présentation du Cabriolet décapotable dénommé officiellement E D 4 ; puissance légèrement augmentée par accroissement du rapport volumétrique et adoption d’un ventilateur débrayable (7,4 : 1 contre 7 : 1 pour la berline ; enjoliveurs de roue à rayons).
Septembre 1956 : poursuite de la production des berlines avec et sans toit ouvrant ; les flèches directionnelles sont remplacées par des clignotants sur les panneaux de custode. Sortie de la Familiale (403 L F4) et de la Commerciale (403 U5 G4), la première à finition proche de la berline, la seconde très dépouillée.
Octobre 1956 : versions plateau-cabine (C4) et camionnette bâchée (T4).
Septembre 1957 : version ambulance (S4).
Février 1958 : option (berlines) embrayage automatique par coupleur Jaegger.
Octobre 1958 : présentation de la 403 Diesel à moteur Indénor 85.
Mars 1960 : sortie de la 403-7 reprenant le moteur de la 203 et adoptant une finition simplifiée et une calandre nid-d’abeilles.
Moteur à essence Nombre de cylindres : 4 en ligne Distribution par culbuteurs, et arbre à cames latéral entraîné par chaîne Soupapes en V Bloc moteur en fonte Chemises humides rapportées Culasse à chambres de combustion hémisphériques, en alliage léger (Alpax) Alimentation par carburateur Solex 32 Pistons en alliage d’aluminium Vilebrequin forgé à trois paliers 403-8 (1955) Cylindrée 1 468 cm3 Alésage 80 mm Course 73 mm Taux de compression 7 : 1 Puissance 65 ch SAE à 4 900 tr/mn Couple maxi 10,3 mkg à 2 500 tr/mn |
403-8 (1955) Cylindrée 1 468 cm3 Alésage 80 mm Course 73 mm Taux de compression 7 : 1 Puissance 65 ch SAE à 4 900 tr/mn Couple maxi 10,3 mkg à 2 500 tr/mn |
403-7 (1959) Cylindrée 1 290 cm3 Alésage 75 mm Course 73 mm Taux de compression 7,4 : 1 Puissance 54 ch SAE à 4 900 tr/mn Couple maxi 9,4 mkg à 2 500 tr/mn |
403 D (1958) - moteur Indénor 85 - Cylindrée 1 816 cm3 Alésage 85 mm Course 80 mm Taux de compression 21 : 1 Puissance 55 ch SAE Couple maxi 10,5 mkg à 2 250 tr/mn |