Né en 1881, Vincenzo Lancia travaille d’abord pour le compte d’une petite entreprise de fabrication de cycles Welleys, qui, comme tant d’autres à l’époque, se lance dans la construction automobile dès 1899. Aristide Faccioli est le créateur du premier prototype. Celui-ci intéresse tant les responsables de la toute jeune F.I.A.T. (fondée la même année par une poignée de chefs d’entreprise turinois), que la “Firma” achète en bloc la société, ses prototypes et… ses hommes. Gestionnaire avant tout, Lancia est pourtant atteint très vite par le virus de la course : il devient chef essayeur, puis pilote officiel. Quelques années plus tard, en pleine gloire sportive naissante, il lance sa propre entreprise industrielle avec Claudio Fogolin, lui aussi ancien essayeur de Fiat.
Fondée le 26 novembre 1906, la marque s’oriente dès l’origine vers la construction d’une voiture sportive : l’Alfa (qui n’aura jamais rien à voir avec Alfa Romeo) est une 18-24 HP à structure métallique légère, dotée d’un moteur quatre-cylindres (en deux blocs) de 2 543 cm3, donnant 28 ch à 1 800 tr/mn lui permettant d’atteindre 90 km/h (à titre de comparaison, un taxi de la Marne ne dépasse pas les 40 km/h). Locatti et Torretta habilleront, comme il est d’usage à l’époque, les châssis équipés et produits par Lancia. Jusqu’en 1909, quelque 109 Alfa seront produites, un chiffre significatif pour l’époque.
Après l’Alfa vient la Dialfa une six-cylindres de près de 4 litres, puis en 1909 la Beta, première du nom, héritière directe de l’Alfa, une 20 HP au quatre-cylindres de 3 120 cm3 dont la puissance atteint 34 ch à 1 500 tr/mn. La production grimpe à 150 voitures. Vient ensuite la Gamma, au 3,5 l de 40 ch, qui franchit la barre des “100” de 10 bons kilomètres à l’heure.
En 1911, c’est l’entrée dans l’âge industriel, marquée par l’installation dans les usines de la via Monginevra, à Turin, où sont désormais produites les Delta et Didelta, au quatre-cylindres de 4 l qui leur permet d’atteindre 120 km/h. La course à la puissance et aux performances passe aussi par l’Epsilon, l’Eta, la Delta et la Didelta. En 1913, Lancia est le premier constructeur à offrir, en série, un équipement électrique sur la Theta 35 HP qui séduit jusqu’aux Américains. Le constructeur doit malheureusement renoncer à un fabuleux V12 de 150 ch du fait de la guerre.
C’est en 1922 que Lancia lance la première voiture au monde à structure autoporteuse et à roues avant indépendantes : la Lambda marque une étape décisive dans l’histoire de l’automobile. C’est un succès mondial : la voiture est fabriquée à 13 000 exemplaires.
En 1937, Vincenzo Lancia s’éteint, en léguant un autre chef-d’œuvre : l’Aprilia, à bloc-moteur en aluminium à chemises rapportées en fonte, carrosserie aérodynamique et roues avant et arrière indépendantes. Le moteur est un quatre-cylindres en V à soupapes également en V, de 1 485 cm3 développant 49 ch et allant à 125 km/h. 27 636 Aprilia seront construites jusqu’en 1949, faisant de cette voiture d’avant-garde la Lancia la plus populaire de l’entre-deux-guerres.
Les voitures de stars Voitures originales, les Lancia attirent très vite les stars : ci-contre, Greta Garbo au volant d’une Lambda, première voiture au monde à structure autoporteuse (1922) qui s’illustra dans de nombreuses épreuves sportives grâce à son quatre-cylindres en V à 20° de 2 120 cm3, tournant à 3 250 tr/mn, un régime exceptionnel pour l’époque. C’est cette même configuration de moteur qui permettra à Lancia de s’illustrer en rallye bien plus tard avec la célèbre Fulvia. |
L’après-guerre est marqué d’abord par l’Aurelia qui se couvre de gloire en compétition puis par l’inoubliable Appia, mais c’est surtout la Flavia, première Lancia à traction avant qui marque un tournant décisif pour la marque. Son boxer inspira d’autres constructeurs, en Italie comme en France.
C’est pourtant un V serré qu’on retrouvera sur la Fulvia, dont l’inoubliable coupé HF mènera Lancia sur le chemin de la gloire en rallye ; un domaine où le constructeur italien glanera les plus grands succès, avec la Stratos, la Montecarlo Turbo, la 037 et les Delta S4 puis HF Integrale.
70 ans après l’entrée de Vincenzo Lancia chez Fiat, le grand constructeur italien reprenait le contrôle de Lancia. L’inquiétude des adeptes de voir disparaître l’esprit Lancia ne sera pas fondé ; Lancia conservera une (relative) indépendance qui lui permettra de signer certaines des plus belles réussites de l’automobile contemporaine qui ont pour nom Beta (berline et coupé), Gamma (berline et coupé), mais surtout Delta, Prisma, Trevi, Thema et récemment Dedra.
La Delta (ci-dessous dans sa dernière évolution HF Turbo Intégrale), présentée en 1979, peut être considérée comme la première Lancia née de l’étroite “collaboration” avec Fiat.Cette petite berline compacte au quatre-cylindres en ligne transversal partage avec sa cousine Ritmo de nombreux organes mécaniques essentiels. La Delta conservera cependant un esprit très Lancia avec ses 4 roues indépendantes à jambes de force (la Ritmo adoptait, elle, un ressort à lames transversal à l’arrière), mais surtout un environnement et un confort dans la tradition Lancia. Joliment carrossée par Giorgio Giugiaro, elle connaîtra immédiatement le succès, tant en version deux volumes, qu’en version trois volumes, baptisée Prisma (1982). De berline compacte familiale, la Delta évoluera vers le sport, pour donner à la marque certains de ses plus beaux succès. Ce sera la première Lancia à recevoir en série la propulsion intégrale, une solution de propulsion qu’on retrouvera sur la Dedra (ci-dessous). Elle bénéficiera aussi, la première, d’un moteur multisoupapes. La Dedra se situe entre la Delta et la Thema, fleuron de la gamme Lancia, en particulier avec l’exceptionnelle 8.32 à moteur Ferrari (voir les fiches Niveau avancé 173 et 174).
Avec la petite Y10, Lancia possède désormais, et pour la première fois de son histoire, une gamme très complète qui ne fait pas que doubler la gamme Fiat.
Des années 1970 au début des années 1990, Lancia dominera presque sans interruption l’univers du rallye, tant avec sa Fluvia Coupé HF, sa Stratos, sa Rally 037 (ci-contre), et sa Delta (ci-dessous, en version S4). Elles permettront aux plus grands pilotes de s’illustrer, en particulier dans le Monte-Carlo, épreuve fétiche de la marque italienne.