Présentée en septembre 1979, dix ans après la prise de contrôle de Lancia par Fiat, la Delta était destinée à conforter l’image de raffinement et de qualité de la marque dans la catégorie moyenne, et à prendre la succession de la Fulvia. Elle sera produite jusqu’en 1993 et aura marqué l’histoire du sport automobile avec ses versions HF à transmission intégrale, très recherchées par la collectionneurs. Elle aura étéproduite (en version Delta) à près de 500 000 exemplaires.
Habilement dessinée par Ital Design, la Delta est allée bien au-delà des espoirs du constructeur, s’installant en très bonne place dans sa catégorie, aussi bien en Italie que dans les différents pays d’Europe où elle a été distribuée. Berline bicorps, la Delta a donné naissance en 1982 à la Prisma, sa version tricorps.
Traction avant à groupe motopropulseur transversal (sauf la mythique SA), la Delta a d’abord été dotée des moteurs 1,3 litre et 1,5 litre à arbre à cames en tête, communs à la Fiat Ritmo (voiture avec laquelle elle partage d’ailleurs d’autres organes). Ces moteurs ont été portés pour l’occasion à 78 ch et 85 ch.
En novembre 1982, la gamme a été étoffée par la 1600 GT, dotée d’un moteur 1 585 cm3 à deux arbres à cames en tête développant 105 ch à 5 800 tr/mn.
Le même moteur, doté du turbo, portera la puissance de la voiture (version HF) à 130 ch à 5 600 tr/mn l’année suivante, donnant à la voiture des performances tout à fait exceptionnelles lui permettant d’atteindre 195 km/h en pointe la 1 600 GT et la HF seront d’abord proposées avec un carburateur double corps. La Prisma recevra les mêmes moteurs, à l’exception du turbo, et bénéficiera d’un Diesel de 1 929 cm3 de 65 ch à 4 600 tr/mn. En 1987 ce moteur sera doté d’un turbo KKK qui portera sa puissance à 80 ch à 4 200 tr/mn.
Comme on pouvait s’y attendre, les moteurs de la 1 600 GT et de la HF se verront dotés de l’injection, d’où une amélioration de puissance, le premier passant à 108 ch, le second à 140 ch et 165 ch (à l’occasion de la sortie de la quatre roues motrices promise à un bel avenir en rallye).
La Delta bénéficiera ensuite d’un 2 litres affecté à la HF 4 WD, version dégonflée du moteur de la voiture de rallye Groupe A ; il développera successivement 165 ch, 180 ch, puis 200 ch dans sa version à culasse 16 soupapes.
Est-il besoin de préciser que les différents moteurs de la Delta ou de la Prisma sont très différents les uns des autres. Il est clair que les moteurs à deux arbres à cames, très agréables bien sûr, ont des chances d’avoir été plus poussés que les autres. Leur culasse en alliage léger est assez sensible aux surchauffes, d’où la nécessité d’être vigilant de ce côté.Soyez attentifs aux signes de rupture du joint de culasse fumée blanche à l’échappement, eau dans l’huile moteur, etc.
* À noter la possibilité d’ouvrir le capot à la verticale, qui facilite beaucoup l’accessibilité au moteur.
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La Delta turbo Diesel bénéficie d’un moteur assez performant, de 2 litres de cylindrée. Sa robustesse en tait une bonne opportunité en occasion. |
La Delta/Prisma est une traction avant, à boîte de vitesses mécanique à 5 rapports, ou automatique à 3 rapports, cette dernière restant associée au moteur 1,5 litre. La boîte mécanique ne pose pas vraiment de problème, la grille de sélection n’étant cependant pas d’une grande précision. Avec la boîte automatique, on procèdera aux habituels contrôles d’étanchéité, problème toujours difficile à éliminer et onéreux à réparer.
On notera l’intéressante solution technique qui a permis de monter des demi-arbres de transmission de longueur égale, ce qui limite les pertes de motricité au démarrage cette disposition est évidemment la plus intéressante sur les versions à vocation sportive. La Delta et la Prisma sont disponibles en version quatre toues motrices en permanence, une solution technique qui a assuré le succès de la voiture en rallye.
La Prisma 4 WD est dotée d’un système simplifié. S’il comprend, comme la Delta, un différentiel central associé à un système visco coupleur Ferguson, son différentiel arrière est classique, à blocage mécanique, alors que la Delta bénéficie d’un différentiel Torsen très évolué, mieux adapté au caractère sportif de la voiture (surtout dans ses versions d’homologation).
La Delta/Prisma est dotée dune remarquable suspension à quatre roues indépendantes par jambes de force McPherson, à lavant comme à l’arrière. Très efficace sur le plan de la tenue de route comme sur celui du confort, ce système présente l’inconvénient d’une certaine difficulté de réparation (il est délicat et dangereux, pour l’amateur, de compresser les ressorts pour remplacer les cartouches-amortisseurs). Le coût de rénovation de la suspension est de ce fait assez onéreux,principalement en raison de la présence de quatre jambes de force. Avant tout achat,examinez soigneusement les points d’ancrage supérieurs des éléments de suspension, souvent attaqués par la rouille et très difficilement réparables si la tôle est fragilisée par les attaques de la corrosion.
Les modèles dotés des moteurs 1,3 litre et 1,5 litre à essence, et ceux équipés d’un moteur Diesel ont des disques à l’avant et des tambours à l’arrière. Les autres versions ont quatredisques, ventilés à l’avant sur les i.e. et sur les HF. L’efficacité du freinage est bonne et le remplacement des plaquettes ou des garnitures ne pose pas de réels problèmes. Les freins des versions supérieures (depuis la 1,6 litre) sont plus sollicités que ceux des modèles plus tranquilles. Procédez à un contrôle des disques, en appréciant la profondeur du creusement de la bande de frottement, qui peut indiquer un kilométrage important, ou un usage sportif intensif.
La Delta/Prisma a pâti, comme l’ensemble des voitures italiennes, d’une très mauvaise réputation en matière de corrosion, liée à un problème général de fabrication des tôles destinées à l’automobile italienne dans les années 1970-1980. De nombreuses séries ont ainsi connu des problèmes de corrosion, heureusement résolus sur les versions après 1985.
Sur les voitures antérieures, il faut procéder à un contrôle généralisé très méthodique.
Seuls les véhicules ayant toujours été garés à l’abri et ayant fait l’objet d’une protection spécifique échappent à la corrosion. Les attaques concernent principalement les bas de caisse, l’entourage des projecteurs, celui du pare-brise ; elles se forment plus volontiers depuis l’intérieur, se manifestant d’abord par des boursouflures qui finissent par éclater, révélant une perforation difficile à empêcher ; la progression est délicate à contenir.
Pour lutter contre cette mauvaise réputation, Lancia a offert une garantie anticorrosion de 6 ans. Avant d’acheter un véhicule bénéficiant de cet avantage, assurez-vous que les contrôles périodiques prévus au carnet d’entretien ont été bien faits par le propriétaire, faute de quoi la garantie risque de ne plus être valable.
Les Lancia ont toujours bénéficié dans ce domaine d’un soin particulier. Il participe directement à les différencier des Fiat, avec lesquelles, on le sait, elles partagent de nombreux organes mécaniques. Les matériaux utilisés sont de bonne qualité et la finition est particulièrement soignée.
Septembre 1979 | Présentation de la Delta avec moteurs à 4 cylindres en ligne à simple arbre à cames en tête, de 1 301 cm3 et 78 ch à 5 800 tr/mn (1 300) et 1 498 cm3 de 85 ch à 5 800 tr/mn (1 500), associé l’un à une boîte 5 vitesses, l’autre à une boîte automatique à 3 rapports. Freins à disque à l’avant et à tambour à l’arrière. |
Septembre 1982 | Restyling de la carrosserie. Présentation de la 1 600 CT à moteur 1 585 cm3 de 105 ch à 5 800 tr/mn à deux arbres à cames en tête, avec carburateur double corps. Freins à disque sur les quatre roues. |
Décembre 1982 | Sortie de la Prisma, version tricorps de la Delta ; elle reprend les différents moteurs de la Delta |
Septembre 1983 | Lancement de la Delta turbo HF, dotée du moteur 1 585 cm3, associé à un turbocompresseur KKK autorisant 130 ch à 5 600 tr/mn. |
Juin 1984 | La Prisma est désormais disponible avec un moteur Diesel de 1 929 cm3 de 65 ch à 4 600 tr/mn. |
Septembre 1984 | Présentation de la Delta S4, version destinée à l’homologation en rallye (Groupe B), dotée d’un moteur 1 759 cm3, 16 soupapes alimenté par turbocompresseur KKK et d’un compresseur Volumex autorisant quelques 250 ch à 6 750 tr/mn. Transmission à quatre roues motrices. Châssis tubulaire. Commercialisation à 200 exemplaires. |
Mai 1985 | Sortie de la Prisma turbo DS, un turbocompresseur portant la puissance du moteur Diesel à 80 ch à 4 200 tr/mn. |
Avril 1986 | Présentation de la Delta HF 4 WD et de la Prisma 4 WD à transmission intégrale. Elle reçoivent un moteur 1 995 cm3 à double arbre à cames, turbocompresse sur la Delta (165 ch à 5 250 tr/mn), atmosphérique sur la Prisma (115 ch 5 400 tr/mn). Injection électronique sur les deux modèles. |
Septembre 1986 | Restyling de l’ensemble de la gamme. Le moteur turbodiesel est désormais monté aussi sur la Delta. La 1 600 CT et la HF bénéficient de l’injection électronique. |
1988 | Présentation de la Delta HF 4 WD Groupe A, avec moteur 1 995 cm3 de 230 ch à 6 250 tr/mn, produite à 5 000 exemplaires pour l’homologation. |
Septembre 1989 | La HF 4 WD devient la HF Intégrale 16V en recevant une culasse 16 soupapes, portant la puissance du 2 litres à 200 ch à 5 500 tr/mn. La Prisma 4WD devient Prisma Integrale ; elle reçoit le moteur 2 litres sans turbo. |
1991 | Présentation de la Delta HF Intégrale Evoluzione au capot redessiné et aux ailes élargies, le hayon étant doté d’un aileron. La puissance passe à 210 ch à 5 750 tr/mn. |
1993 | Présentation de l’Evoluzione 2 au moteur catalysé de 215 ch à 5 750 tr/mn et un couple impressionnant de 32 mkg à... 2 500 tr/mn. |