En décembre 1985, Fiat présente la Croma, qui remplace alors avantageusement l’Argenta vieillissante. Conçue à partir d’un projet d’étude commun à Saab, Alfa Romeo (alors encore constructeur nationalisé) et Fiat-Lancia, la nouvelle voiture est la première grande berline de la marque traction avant. Après la 127, la Panda, la Uno et la Ritmo, la Croma est une traction avant qui achève une évolution ayant conduit le principal constructeur italien à renoncer définitivement à la propulsion.
D’emblée, Fiat propose à la sortie du modèle une gamme complète comprenant 6 modèles : 4 versions essence et 2 versions Diesel (atmosphérique et turbocompressée), toutes à 4 cylindres (le V6 n’apparaître qu’en 1993).
La voiture connaîtra une mise à jour mécanique et de la carrosserie en 1989, puis une restructuration plus profonde en 1991, conduisant la marque à parler d’une "nouvelle" Croma.
À sa présentation, la Croma essence adopte un quatre cylindres transversal, dans des configurations bien connues puisqu’il est hérité directement des 131 et Argenta : un moteur fiable, moderne (1 ou 2 arbres à cames en tête) car très en avance lors de sa sortie, particulièrement efficace et sûr lorsqu’on sait la carrière sportive prestigieuse qui fut (et reste) la sienne, et qui permit à Fiat (et à Lancia) de remporter le titre de Champion du monde des rallyes. Dans sa version Turbo i.e., il bénéficie d’une suralimentation par turbo Garret T3 avec waste gate (clapet de décharge) et échangeur air/air, et d’une injection LE/2 Jetronic (et non JAW Weber comme sur la i.e.), le tout donnant 240 ch, une puissance appréciable pour un moteur d’à peine 2 litres.
Des moteurs essence connus pour la Fiat Croma |
La Croma possède dès sa sortie une belle gamme de moteurs essence, hérités de véhicules antérieurs ayant fait leurs preuves. Ce sont des quatre cylindres en ligne de 2 litres, à bloc en fonte et culasse en alliage léger intégrant 2 ACT entraînés par courroie crantée. Ils ont tait l’objet d’une constante évolution qui, tout en préservant leurs qualités initiales de brio et de résistance, en a très sensiblement amélioré le rendement. A ce titre, il faut rappeler le dispositif CHT (Controlled High Turbulence) qui assure une meilleure combustion reposant sur l’utilisation de conduits annexes utilisés aux faibles charges. |
Côté Diesel, la parenté est également grande avec les moteurs des précédents modèles, mais comme pour la gamme essence, on trouve une version suralimentée affichant 100 ch à 4 250 tr/mn et autorisant 165 km/h. En avril 1988, Fiat a innové, en présentant un tout nouveau moteur Diesel de 1 929 cm3, dont la principale originalité résidait dans une injection directe (première mondiale), associée depuis 1991 à un turbo Garrett à géométrie variable, d’où un gain de puissance de l’ordre de 20 %, qui a porté ce superbe moteur à 94 ch, pour un couple de 19,6 m.daN à 2 000 tr/mn.
Dans sa configuration 2,5 litres, le moteur Diesel classique 2,5 litres donne 118 ch, pour un couple de 24,5 m.daN, et propulse la voiture à 195 km/h chrono (0 à 100 km/h en 11 s) ce qui en fait l’un des Diesel les plus rapides du monde. La version 1,6 litre a disparu, le modèle CHT, qui constitue désormais le bas de la gamme Croma, étant doté du 2 litres associé à un carburateur double corps.
Les moteurs Diesel de la Fiat Croma |
Avec son 2 litres à injection directe, et son 2,5 litres turbocompressé, la Fiat Croma possèdait deux moteurs Diesel à haut rendement qui, dans les deux configurations, la plaçait au mieux dans cette catégorie de véhicules. Fiat a été le premier constructeur à produire en série, pour une voiture de tourisme de grande diffusion, un moteur Diesel alimenté par une injection directe. |
Les différents moteurs de la Croma sont associés à une boîte de vitesses montée en bout. Afin de rendre égaux les arbres de transmission, on trouve un palier intermédiaire, côté droit (en regardant la voiture), qui neutralise toute réaction intempestive dans la direction, à la suite de variations importantes de couple, notamment aux reprises ou au démarrage (une solution appliquée depuis plusieurs années sur les Lancia). Dès l’origine, la Croma a été proposée avec une boîte mécanique à 5 rapports et une boîte automatique à 4 rapports, réservée, au début, aux moteurs essence. Depuis 1991, cette boîte ZF très moderne est également disponible sur la 2.5 TD. Elle offre la possibilité d’une sélection manuelle pour la conduite sportive et a pour principales caractéristiques une 1e et une 2 hydrauliques, une 3 à 40 % hydraulique et 60 % mécanique, et une 4 entièrement mécanique.
Comme la plupart des berlines modernes, la Croma est dotée à l’avant dune suspension de type McPherson. A l’arrière, les roues sont également indépendantes, avec un système de bras transversaux associés à des jambes de force. Dans les deux cas, la rénovation de ces éléments se révèle assez coûteuse et reste hors de portée de bien des amateurs, compte tenu de la nécessité de disposer d’un matériel spécialisé (compresse-ressorts) pour en remplacer les cartouches. On trouve une barre antiroulis à lavant comme à l’arrière. Les freins sont à disque sur les 4 roues, avec ABS en option sur tous les modèles, sauf sur la Turbo i.e. où ils sont montés de série. Ils sont ventilés sur cette dernière et sur la 2.5 TD. Le mécanicien amateur appréciera le système de réglage du câble de frein à main situé directement derrière le levier.
Quiconque a l’œil un peu exercé, trouvera un évident air de famille entre la Croma et la Lancia Thema (quasiment des sours) et la Saab 9000 ; seule l’Alfa 164, issue de la même étude commune conduite par ces marques, fait montre d’une indéniable originalité esthétique. Car force est de constater que la ligne de la Croma ne déchaîne ni l’enthousiasme ni la réprobation (ce qui n’est déjà pas si mal...). Sa ligne compacte assez aérodynamique (Cx : 0,32) à grand hayon arrière est sobre mais sans originalité ce qui, pour certains, serait le signe de la classe.
Un effort indéniable a marqué le restyling de 1991, pour donner à la voiture une ligne plus fluide, les modifications portant sur la calandre, les blocs optiques, le pare-chocs avant (qui intègre des antibrouillards) et le capot plus plongeant. Les ailes sont plus enveloppantes et les rétroviseurs (2 sur toutes les versions) sont entièrement carénés. À l’arrière, les groupes optiques forment désormais une bande gris-rouge continue où s’insère la plaque minéralogique. Faisant partie de la nouvelle génération des voitures italiennes, la Croma échappe généralement aux problèmes de corrosion qui ont cruellement affecté les modèles antérieurs.
Dès sa sortie, la Croma s’est distinguée par la qualité de son aménagement intérieur et de ses équipements de conduite et de confort. Beaucoup y ont vu la patte des stylistes de Lancia qui ont sans doute joué un rôle important dans l’élaboration du projet Croma/Thema. La Croma a toujours bénéficié d’une bonne ventilation et, en version Turbo (puis 2.5 TD) d’un conditionneur d’air électronique et automatique très sophistiqué d’origine. Depuis 1991, toutes les Croma sont dotées d’un système de chauffage à contrôle automatique. La planche de bord d’origine, complète mais assez vieillotte a été entièrement redessinée en 1991 elle a toujours été bien équipée, notamment dans les versions supérieures, intégrant notamment, outre les classiques voyants de contrôle, un compte-tours, des thermomètres d’eau et d’huile, ainsi qu’un check-control avec visualisation du véhicule analysant un grand nombre de fonctions.
L’environnement est soigné et la sellerie confortable, avec un bon point tout particulier pour la scellerie cuir à double assise et double dossier très enveloppante, qui prévient tout glissement sur le cuir, assurant ainsi un maintien latéral parfait, même en conduite sportive. Toutes les versions bénéficient désormais d’un verrouillage centralisé des portes avec commande à distance infrarouge, de lève-vitres électriques à l’avant comme à l’arrière, avec commande automatique côté conducteur, par simple impulsion sur le bouton. Un temporisateur n’éteint l’éclairage interne qu’au bout de 10 s. Un effort particulier a été fait pour améliorer l’insonorisation. Tout cela fait désormais de la Croma un vrai haut de gamme, ce que certaines versions n’étaient pas vraiment avant l’arrivée de la Dedra, dont certains modèles se sont substitués au bas de gamme Croma.
Présentation de la Fiat Croma en 6 versions : Base, Croma CHT, Croma i.e., Croma Turbo i.e., Croma D, Croma Turbo D. La voiture concrétise un accord d’étude et de recherche commun à Fiat-Lancia, Alfa Romeo et Saab. La gamme s’articule autour de 4 motorisations à 4 cylindres en ligne ; 1 585 cm3 ; 1 995 cm3 (moteurs essence) et 2 499 cm3 et 2 445 cm3 (moteurs Diesel). Boîte de vitesses mécanique à 5 rapports et automatique (moteurs essence) à 3 rapports. | |
1987 | Version à pot catalytique de la 2000 Turbo i.e. (150 ch). |
Juin 1988 | Présentation de la Croma Turbo D i.d., première berline de série du monde à recevoir un moteur Diesel à injection directe 1 929 cm3, 1 ACT, 94 ch à 4200 tr/mn. |
Mars 1989 | Modifications esthétiques de détail, et augmentation de la puissance des 2000 CHT (90 ch à 100 ch) et 2500 turbo D (100 ch à 116 ch), cette dernière devenant l’une des voitures Diesel les plus rapides du monde (195 km/h). Nouvelle boîte automatique ZF à 4 rapports. |
Janvier 1991 | Restructuration de la gamme et restyling de la carrosserie. La 1,6 I disparaît. La gamme comprend désormais 3 modèles essence 2 1(1 995 cm3) : la 2.0 CHT (100 ch), la 2.0 i.e. (119 ch) et la 2.0 Turbo i.e. (158 ch) ; et 2 Diesel : 2.0 TD i.d. (94 ch) et 2.5 TD (118 ch). La TD i.d. adopte un turbocompresseur à géométrie variable. |