La crise de 1929 sonne le glas de très nombreux constructeurs d’automobiles, en Italie comme ailleurs.
En 1931, la production transalpine tombe à 26 000 voitures. À l’exception de Lancia, qui réussit à maintenir son indépendance, le reste de l’industrie italienne se concentre sous la coupe de deux groupes industriels : l’entreprise d’état IRI (qui reprend Alfa Romeo et Isotta Frachini) et la société Fabrica Italiana Automobili Torino (FIAT).
En contrepartie des généreuses protections douanières qu’il lui accorde, l’état italien invite Fiat à développer des voitures “populaires”. La 508 “Balilia”, à moteur de 995 cm3, apporte une première réponse, dès 1932. Mais elle est encore trop lourde et trop chère. Il faudra attendre encore quatre ans pour qu’apparaisse la vraie réponse à ce défi : la Fiat 500, qui sera produite à la fois en Italie et en France, où elle s’appellera “SIMCA 5”.
La Fiat 500 connut immédiatement un succès fulgurant. Les Italiens lui attribuèrent aussitôt le surnom affectueux de “Topolino” (petite souris), par référence au petit animal inventé par Walt Disney : Mickey Mouse.
Ce succès traduisait la réussite technique du produit, qui avait touché en plein cœur de la cible qu’on lui avait désignée. Vendue 8 900 lires, elle est dispensée de la vignette (qui s’élève à 275 lires par an) ; à cette époque, un garage coûte en Italie 50 lires par mois et un lavage se paie 7 lires.
Mais pour atteindre l’objectif, les ingénieurs de Fiat durent faire preuve de beaucoup d’imagination. On vérifia à cette occasion qu’il faut solliciter la créativité pour réaliser une voiture à la fois “petite, économique, confortable et robuste” ; parmi bien d’autres, les ingénieurs de Citroën devaient faire le même constat deux ans plus tard, en travaillant sur le concept de la 2CV.
La Fiat 500 restera la plus petite voiture produite en série dans le monde, pendant plus de trois décennies, jusqu’à l’apparition de la “Mini” en 1959 ! C’est aussi la première voiture consommant moins de 6 litres aux 100 km.
Lorsque le sénateur Agnelli essaye ce qui n’est encore que le “Projet A”, il déclare : “Enfin une Fiat dans laquelle on descend.” Pour la Fiat, c’est également la première voiture qu’on ne pouvait livrer que carrossée ; jusqu’alors, on livrait aux ateliers de carrosserie des châssis nus, simplement munis d’un “baquet” pour le chauffeur. En effet, conçue comme un tout homogène, la Fiat 500 comportait un châssis trop léger et souple pour pouvoir rouler sans être carrossé.
Car le poids fut bien l’ennemi numéro un du groupe d’ingénieurs dirigé par Dante Giacosa, à qui le président de Fiat avait demandé de relever ce défi.
Ingénieur d’aviation, Giacosa fut immédiatement conquis par l’idée, et chercha d’emblée des solutions techniques sortant des sentiers battus. Celui qui devait, quelques années plus tard, développer le concept de la traction avant à moteur transversal, écarta à cette époque l’idée d’une traction, considérée alors comme manquant encore de fiabilité.
Le concept général retenu est donc celui d’une propulsion, mais dont le moteur sera placé en avant de l’essieu, afin de dégager un maximum d’espace pour l’habitacle. Dante Giacosa s’explique ainsi sur ce choix : “Entre le tableau de bord et les roues, il n’y avait pas d’espace suffisant pour placer le moteur ; il aurait fallu le mettre entre les roues avant, avec son centre de gravité situé approximativement dans un plan vertical passant par l’axe des roues… Mais, dans ce cas, il aurait été impossible d’adopter des suspensions à roues indépendantes, dispositif simple et économique que j’avais choisi.”
Pour alléger, on va chercher à simplifier tous les éléments, y compris pour la carrosserie, dont le dessin est confié à Rodolfo Schaeffer. Comme dans un avion, le châssis soutiendra le moteur.
Les premiers calculs montrent qu’on peut réaliser un châssis ne dépassant pas 250 kg et que la carrosserie devrait peser entre 180 et 200 kg. Cependant, même avec un poids total de 450 kg, la “Zéro A” devrait être vendue autour de 12 lires le kilogramme pour tenir la limite fixée par le sénateur Agnelli, alors que la Balillia 3 vitesses est vendue pour 17 lires/kg.
La “Zéro A” définitive mesure 3,20 m de long et pèse 535 kg, soit 100 kg de plus que le projet initial ; elle transporte deux personnes et 50 kg de bagages et peut atteindre 85 km/h, pour une consommation moyenne de 6 l/100 km.
Le sénateur Agnelli décide de la commercialiser et le service commercial de Fiat la baptise “Fiat 500” ; une des premières affiches publicitaires la présente comme “la voiturette du travail et de l’épargne”.
Celle qu’on ne désigne bientôt plus que par son sobriquet “Topolino”, a déjà été produite à 46 000 exemplaires (sans compter les versions fourgonnette), lorsqu’on remanie, en 1938, les suspensions arrière. Les usines italiennes la produiront à 112 000 exemplaires jusqu’en 1948, tandis que l’usine de Nanterre produira 65 451 Simca “5” jusqu’en 1949.
Au printemps 1948, Fiat présente au Salon de Genève la 500 B, dont la carrosserie ne subit que des retouches mineures. Au volant d’une Fiat 500 B, Carlo Salamano couvre les 735 km de Turin à Rome dans le temps record de 10 h 10 mn. La 500 B Jardinière est présentée au Salon de Turin, à l’automne de la même année.
C’est au Salon de Genève de 1949 que Fiat dévoile la 500 C, avec, cette fois, une carrosserie entièrement nouvelle (en France, ce sera la Simca 6) et un moteur à culasse en alliage d’aluminium. La version jardinière est équipée d’une carrosserie en acier et bois, qui fera école.
Une Fiat 500 C Belvédère, jardinière à carrosserie tout acier deux tons sera présentée à Bruxelles, en 1952.
Lorsqu’on arrête la production des Fiat 500 C, en 1955, la plus petite voiture du monde a été produite à 519 646 exemplaires exactement : elle fait désormais partie du patrimoine des succès de l’automobile.
Moteur 4 cylindres en ligne de 569 cm3 Alésage x course = 52 x 67 mm Taux de compression : 6,5/1 Puissance maxi : 13 ch à 4 000 tr/mn Couple maxi : 3,3 mkg Distribution par soupapes latérales ; allumeur à grains de contact ; alimentation par carburateur Solex 22 HD ; refroidissement par circulation d’eau à thermosiphon ; graissage sous pression |
Transmission Embrayage monodisque et boîte de vitesses à 4 rapports AV (3e et 4e synchronisées), commandée par levier central ; arbre de transmission et pont arrière à couple conique hélicoïdal (rapport 8/39) Suspension Avant : roues indépendantes, ressort à lame supérieur, bras transversaux triangulés, amortisseurs hydrauliques ; Arrière : essieu rigide, ressort à lame à demi-bras longitudinaux, amortisseurs hydrauliques Roues Roues-disque en tôle, avec pneumatiques 4,00-15 Freins Hydrauliques sur les quatre roues, commandés par pédale ; frein manuel par courroie sur l’arbre de transmission Direction Vis et secteur hélicoïdal ; diamètre de braquage : 8,7 m Équipement électrique Batterie 30 Ah, tension 12 V ; génératrice de 75 W |
Dimensions |