Lancée en automne 1987, l’Alfa 164 s’est progressivement imposée comme le vaisseau amiral de la marque italienne désormais privatisée et entrée depuis peu dans l’orbite du groupe Fiat. Jusqu’alors, l’image d’Alfa Romeo était surtout associée à des berlines moyennes, des coupés et des spiders nerveux et rapides, animés par un increvable quatre cylindres à deux arbres à cames en tête d’une cylindrée de 1,3 à 2 litres.
Signé Pininfarina |
Habillée sur une plate-forme conçue en commun par Fiat, Lancia et Saab, la 164 a bénéficié du coup de crayon inspiré du grand couturier de l’automobile qu’est Pininfarina. La ligne de la 164 est à la fois cossue et sportive, sécurisante et agressive. Le traitement bicolore de la caisse, les boucliers avant et arrière spécifiques à la Quadrifoglio, et ses roues en alliage exclusives distinguent nettement le modèle du reste de la gamme. |
Le coupé 2600 du début des années 60, et l’Alfa 6 ne laisseront pas un souvenir impérissable, pas plus que la 90. Seul le sympathique coupé GTV 6 2.5 litres tirera son épingle du jeu. Il aura donc fallu attendre la fin des années 80 pour qu’Alfa Romeo se décide à investir de nouveau sérieusement le créneau si disputé (y compris entre marques italiennes...) des grosses berlines de prestige.
Pour cela, Alfa n’a pas lésiné, faisant évoluer significativement le V6 maison, désormais porté à 3 litres et doté d’une injection électronique très moderne, et optant, ô révolution, pour la traction avant (le même moteur équipera cependant aussi la 75, sans doute la dernière propulsion d’Alfa Romeo).
Pour être à la hauteur du sommet de gamme de la concurrence, il fallait muscler le bon vieux V6 Alfa, notamment en accroissant sa cylindrée (de 2 492 cm 3 à 2 959 cm 3) et en faisant passer sa puissance de 160 à 200 ch (pour la version la plus musclée).
Comme toujours chez le roi des motoristes italiens de grande série, on retrouve un bloc et des culasses en alliage léger et une distribution par arbre à cames en tête (1 par rangée de cylindres), entraîné cette fois par courroie crantée. L’ensemble est servi par un allumage numérique Bosch, et une injection Motronic ML4.1 de même marque assurant à la voiture des performances de premier plan.
Ainsi retravaillée, la Quadrifoglio dépasse (sur circuit...) le 235 km/h, couvre le kilomètre départ arrêté en moins de 28 s, et passe de 0 à 100 km/h en 7,7 s des performances plus qu’honorables. Pour répondre aux obligations concernant l’épurement des gaz d’échappement, la 164 Quadrifoglio dispose d’un pot d’échappement trifonctionnel à sonde Lambda, dont la sonorité est toujours soigneusement accordée pour offrir la fameuse "musique" Alfa.
<hrdata-mce-alt="Une suspension sophistiqué" class="system-pagebreak" />
Comme un certain nombre de berlines de haut de gamme concurrentes, l’Alfa 164 V6 bénéfie d’une suspension, bien que conventionnelle, extrêmement sophistiquée. Sur la 164 V6 3 litres normale, il est possible d’obtenir, en option, une supension arrière dite "autostabilisante", qui se rapproche de plus en plus de ce qu’on connaît depuis longtemps chez Citroën.
Une esthétique très personnelle | |
Le "look" de l’aménagement intérieur de la 164 est assurément très personnel et surtout très latin. On est loin du dépouillement et de l’austérité des berlines allemandes. La débauche de voyants, de cadrans et de boutons témoigne du caractère complet d’une instrumentation, un peu confuse cependant. |
Si la voiture conserve des ressorts hélicoïdaux coaxiaux et des amortisseurs télescopiques traditionnels, ces derniers sont de type oléopneumatique à pression variable, raccordés à un réseau de canalisations alimentées par une pompe. Des sphères permettent d’accumuler la pression et de la libérer lorsque la charge sur l’essieu augmente. A l’inverse, la pression est abaissée lorsque la charge diminue.
L’ensemble est associé au limiteur-répartiteur de freinage. La Quadrifoglio, elle, jouit d’une suspension à amortissement contrôlé électronique, comprenant une position "auto" et une position ’sport".
Rupture avec la tradition |
Jusqu’en 1987, l’Alfasud, devenue Alfa 33, était la seule voiture de la marque à traction avant. Avec la 164, Alfa Romeo négocie à son tour le virage de la traction, associée au moteur transversal, une solution à laquelle se range un nombre croissant de constructeurs. Encore novices en la matière, les ingénieurs italiens ne surent apparemment pas vraiment maîtriser le problème, livrant une voiture dont le train avant montrait d’évidentes faiblesses, en se révélant incapable de taire passer correctement la puissance importante de moteurs fougueux. Celle défaillance était particulièrement flagrante sur la version V6, d’où le remaniement profond de celle pàrtie du véhicule sur la Quadrifoglio. |
La suspension à quatre roues indépendantes, par jambes de force de type McPherson, de la 164 reçoit ici un dispositif complexe comprenant des électrovalves qui permettent de faire varier instantanément le tarage des amortisseurs.
Une centrale électronique convertit les informations de capteurs (freins, boîte de vitesses, direction, papillon d’admission, accéléromètre), les analyse, et détermine automatiquement la loi d’amortissement idéale en fonction des conditions d’utilisation du véhicule.
En cas d’utilisation "limite", le système passe automatiquement en position "sport", même si le bouton de commande au tableau indique "auto". On évite ainsi une perte d’adhérence liée à un réglage trop souple de la suspension lors du passage sur une forte inégalité de revêtement, alors que la chaussée est très glissante. Ainsi pourvue, la 164 joue à armes égales avec ses concurrentes, dotées, pour la plupart, de ce type de suspension "intelligente".
<hrdata-mce-alt="Une meilleure motricité" class="system-pagebreak" />
Lors de sa sortie, la 164 avait fait l’objet d’un certain nombre de critiques, justifiées, quant aux pertes de motricité du train avant, principalement au démarrage. Avec l’accroissement de puissance, ce défaut devait impérativement être corrigé.
Une suspension sophistiquée |
La suspension à amortissement contrôlé de la 164 Quadrifoglio comprend une centrale électronique (1), un accéléromètre (2), une électrovalve de réglage sur chaque amortisseur (3), un capteur d’angle et de vitesse de rotation du volant (4), un capteur de freinage (5), un capteur sur la boîte de vitesses (6), un capteur d’indication de position du papillon d’admission (7), enfin un sélecteur de position au tableau (8). |
C’est dans ce but que, sur la Quadrifoglio, le groupe moteur a été abaissé de 17 mm, que la géométrie des suspensions a été retouchée de façon à abaisser l’assiette de 12 mm, et qu’on a adopté en série des pneumatiques de 195/65 ; enfin, des ressorts de rappel de direction ont été incorporés au boîtier. Ainsi parée, la 164 "cire" beaucoup moins, même avec ses 200 ch fougueux et difficiles à maîtriser.
La ligne de la 164 ne peut laisser indifférent encore moins celle de la Quadrifoglio, avec son spoiler avant (intégrant les antibrouillards) et son becquet arrière spécifique, sa ceinture de bas de caisse et ses roues en alliage exclusives au modèle.
Pour peu qu’elle soit rouge (l’une des trois couleurs réservées à la Quadifoglio, avec le blanc et le noir), elle ne pourra renier être une grande Alfa. Intérieurement, la voiture bénéficie de sièges "sport" à maintiens latéraux d’assise et de dossier (réglables électriquement) très enveloppants. Le cuir noir, à coutures rouges, est largement présent.
Pourvue d’une instrumentation très italienne, c’est-à-dire très complète, la Quadrifoglio conserve un environnement esthétique latin, donc un peu tapageur, qui mériterait une cure de simplification.
Boîte mécanique exclusivement |
Si la version 3 litres ordinaire peut bénéficier dune boîte automatique en option, il n’en est pas de même sur la Quadrifoglio qui est exclusivement livrée avec une boîte traditionnelle à 5 rapports. On reconnaît bien là la prévention italienne pour l’automatisme, jugé incompatible avec l’image sportive d’une Alfa Romeo de très haut de gamme. C’est pourtant se priver certainement d’une clientèle de plus en plus intéressée par l’automatisme tel qu’on est aujourd’hui en mesure de le concevoir, c’est-à-dire sans préjudice de la nervosité et de l’agrément de conduite. Ceux qui s’y intéressent devront se reporter sur la 164 3.0 V6, qui peut recevoir une boîte automatique à 4 vitesses, dont les deux premières sont entièrement hydrauliques, la troisième bénéficiant d’un blocage du convertisseur à 60 O,/ a quatrième étant totalement bloquée, donc mécanique, d’où l’absence de tout glissement. |
On appréciera cependant l’accessibilité aux commandes et la lisibilité des instructions. A noter aussi la climatisation automatique conforme au niveau du modèle et une installation stéréo intégrale à antenne incorporée dans la lunette arrière.
<hrdata-mce-alt="Spécifications techniques" class="system-pagebreak" />
Moteur 164 Quadrifoglio
Alésage 93 mm
Course 72,6 mm
Nombre de cylindres 6 à 1 ACT
Disposition des cylindres en V à 600
Disposition du moteur transversale
Nombre de soupapes 12
Cylindrée 2959cm3
Taux de compression 10 : 1
Puissance maxi 200 ch à 5 800 tr/mn
Couple maxi 26,5 m.daN à 4 400 tr/mn
Alimentation injection électronique Bosch Motronic ML 4.1
Allumage électronique numérique Bosch
Vitesse
Boîte de vitesses mécanique à 5 vitesses
Transmission traction avant
Suspension amortissement contrôlé électroniquement
Train avant roues indépendantes, type McPherson, barre stabilisatrice
Train arrière roues indépendantes, type McPherson avec barres transversales, tirants de réaction et barre stabilisatrice
Freins à disque (ventilé à l’avant), antiblocage en option
Direction à crémaillère, assistée Roues en alliage léger, de 15"
Pneumatiques 195/65 VR 15
Poids
Nombre de places 5
Consommations
Capacité du réservoir 70l