Il existe deux sortes de suspensions arrière les essieux rigides, de moins en moins employés de nos jours, et les roues indépendantes, qui sont maintenant adoptées par un grand nombre de constructeurs. Si ce dernier système procure une meilleure tenue de route et plus de confort, il présente l’inconvénient d’être relativement complexe, et donc fragile. Nous vous proposons d’effectuer la révision complète d’un train arrière à roues indépendantes. Bien qu’il soit à la portée d’un mécanicien amateur, ce travail est assez long et compliqué.
Sur les BMW, les demi-arbres se démontent facilement car ils sont indépendants des suspensions.
Avant d’entreprendre une telle opération, munissez vous d’un certain nombre d’outils indispensables cric rouleur, chandelles, arrache-moyeu, clé dynamométrique, sans oublier les clés plates et les clés à pipes. Si vous ne pouvez pas vous faire prêter des outils tels que la clé dynamométrique ou l’arrache-moyeu, il vous reste la ressource de les louer chez un spécialiste dans ce genre d’équipement.
II y a trois principaux types de suspensions arrière : le célèbre pont De Dion dont la conception remonte à 1908 (employé par Rover, entre autres) est de moins en moins retenu par les constructeurs en raison de son prix de revient assez élevé.
Jaguar emploie avec succès, depuis vingt ans, un train arrière dont les arbres de transmission rigides tiennent aussi fonction de bras de suspension. Ce train arrière procure à la voiture une tenue de route et un confort inégalables, mais il est très compliqué à fabriquer, très coûteux et difficile à entretenir. Les freins sont accolés au différentiel pour réduire les masses non suspendues.
Le dernier type de suspension arrière à roues indépendantes est de loin le plus répandu : c’est celui dont les moyeux de roues sont portés par des bras s’articulant de part et d’autre du différentiel, et dont les arbres de transmission sont indépendants (BMW, Datsun, Peugeot, etc.).
Il est bien évident que nous ne parlons ici que de voitures à roues arrière motrices. Nos photos vous montrent comment effectuer la révision d’un train arrière de Triumph Spitfire, qui est un des plus simples. Nous vous indiquons aussi comment procéder pour un train arrière de type BMW et de type Jaguar.
Dessin du haut : Sur les Jaguar, les demi-arbres sont assez difficiles à démonter car ils maintiennent les porte-moyeux en place.
Dessin du bas : Demi-arbres comportant des cannelures à billes coulissantes, qu’il faut démonter pour les réviser.
Commencez par monter la voiture sur cric et la caler solidement sur des chandelles. Prenez soin de desserrer les roues avant afin de faciliter leur démontage. Une fois les roues déposées, il faut démonter les freins arrière, que ce soient des tambours ou des disques (sauf si ces derniers sont accolés au différentiel). La plupart du temps, les tambours ou les disques sont boulonnés sur le moyeu et se démontent sans difficulté.
Inspectez soigneusement l’ensemble des roulements et des articulations du train arrière. Commencez par prendre fermement le moyeu de roue pour y déceler un jeu éventuel. Si vous sentez le moindre jeu ou si le roulement grince en tournant, il faut le remplacer. On peut avoir à faire à un roulement à billes ou à rouleaux coniques.
Inspectez toutes les articulations des bras de suspension. Certains bras sont montés sur Silent-blocs (BMW), d’autres sur roulement à aiguilles (Jaguar). Les Silent-blocs ne doivent être ni coupés ni craquelés et les roulements à aiguilles doivent être exempts de tout jeu. Les roulements sont souvent munis d’un graisseur qu’il faut alimenter généreusement.
Vérifiez l’état des cardans des arbres de transmission : les croisillons doivent être en très bon état, surtout sur une Jaguar où ils contribuent à la géométrie de la suspension arrière. Examinez aussi le boîtier du différentiel afin de vous assurer de sa parfaite étanchéité.
Si vous avez constaté un quelconque défaut dans le train arrière, procédez au démontage pour remplacer le ou les éléments défectueux. Pour retirer le moyeu de roue, enlevez d’abord le gros écrou central, puis munissez-vous d’un puissant arrache-moyeu placé derrière le moyeu (photos 1 et 2). Tournez lentement mais fermement la grosse vis centrale, à l’aide d’une clé appropriée, jusqu’à ce que le moyeu se dégage de sa fusée. S’il est très dur à venir, chauffez-le avec une lampe à souder et donnez quelques coups de masse sur l’extrémité de la vis de l’arrache-moyeu.
Si la fusée comporte une clavette, retirez-la (photo 4) et rangez-la dans un endroit où vous la retrouverez facilement. Retirez maintenant le plateau de frein (pour des freins à tambour, bien entendu) qui est souvent assujetti aux porte-fusées à l’aide de plusieurs boulons. Sur certaines voitures, ces boulons sont freinés par des pattes de tôle qu’il faut replier pour pouvoir les désserrer.
Vous avez ensuite accès au roulement portant le moyeu ou l’arbre de transmission. Sur certaines voitures, c’est le moyeu qui tourne dans le roulement, et l’arbre de transmission est bloqué à l’intérieur du moyeu (Jaguar). Sur d’autres, c’est le roulement qui porte l’arbre de transmission, et le moyeu s’enfile sur l’extrémité conique de l’arbre (Triumph). Pour démonter les articulations de bras de suspension, il suffit de dévisser puis de retirer les axes en les chassant avec un jet en bronze. S’ils sont montés sur Silent-blocs, retirez ces derniers, ce qui n’est pas toujours facile. Une bonne solution consiste à prendre une douille dont le diamètre extérieur est légèrement inférieur à celui du Silent-bloc que l’on doit chasser, et à la placer contre celui-ci.
À une extrémité, prenez un tube d’acier dont le diamètre intérieur est supérieur au diamètre extérieur et légèrement inférieur à celui du Silent-bloc que l’on doit chasser, et placez-le contre celui-ci. A l’autre extrémité, placez un tube d’acier dont le diamètre intérieur est supérieur au diamètre extérieur du Silent-bloc et dont la longueur est supérieure à celle du même Silent-bloc.
Enfilez ensuite un très gros boulon à travers l’ensemble et vissez-le progressivement jusqu’à ce que le Silent-bloc soit chassé de son logement. Cette méthode peut aussi être appliquée pour chasser un roulement quelconque. Là aussi, vous pouvez faciliter votre travail en chauffant le logement du roulement ou du Silent-bloc. Si le roulement ou le Silent-bloc sont trop usés et que l’axe en a souffert, il doit lui aussi être remplacé.
Les arbres de transmission sont généralement boulonnés sur une plaque proche du différentiel et enfilés dans des cannelures (cannelures qui portent les billes du roulement), côté roue. Si les croisillons sont à remplacer, opérez comme nous vous l’indiquons dans le chapitre concernant la réparation d’un arbre de transmission.
La plupart des roulements de roues sont montés de cette manière, ici sur une Fiat 131. La plaque de retenue est maintenue par 4 boulons.
Le remontage s’effectue exactement en sens inverse du démontage, mais prenez cependant certaines précautions procurez-vous le manuel de réparation d’usine de votre modèle de voiture afin de connaître avec précision tous les couples de serrage des écrous du train arrière. Ces couples doivent être scrupuleusement respectés, surtout lorsque l’on serre un écrou bloquant un roulement à rouleaux coniques. Lorsque le remontage est terminé, n’oubliez pas de graisser tous les points munis d’articulations sur roulement ou bagues en bronze (photo 20).
Rappelez-vous qu’un train arrière à roues indépendantes doit toujours être en parfait état si vous voulez que votre voiture conserve sa tenue de route. Si un bras de suspension a été endommagé lors d’un accident, n’essayez pas de le réparer : remplacez-le.