La carburation et l’allumage sont les deux causes de pannes les plus courantes. Il arrive parfois que les pannes d’allumage préviennent longtemps à l’avance par des irrégularités de fonctionnement, des ratés ou des difficultés de démarrage. Mais il est possible également que tout fonctionne normalement et que la voiture ne démarre pas un matin, sans avoir présenté de signes avant-coureurs. II est donc important d’entretenir régulièrement l’allumage en respectant la périodicité recommandée par le constructeur.
Schéma de principe d’un distributeur d’allumage AC Delco. L’arbre, réduit pour les besoins du dessin, est bien sûr en réalité beaucoup plus long.
L’entretien de l’allumage ne se borne pas aux simples réglages ou remplacements périodiques des bougies et des contacts du rupteur. Il est tout aussi important d’entretenir le faisceau d’allumage et le distributeur lui-même. Cet organe est habituellement assez robuste, mais votre voiture est peut-être ancienne et au bout d’un certain nombre d’années (six ans environ), il ne sera pas inutile de le réviser entièrement. D’autre part, une rupture de pièce est toujours possible et il conviendra donc de démonter entièrement le distributeur pour le reconditionner. En effet, dans la plupart des cas, il est inutile de remplacer le distributeur par un neuf, dont le prix est élevé, alors que la réparation de l’ancien se limite à un nettoyage et à un graissage et parfois au remplacement d’une bague ou d’un roulement.
Schéma éclaté permettant de comprendre la constitution interne d’une tête d’allumeur. On distingue notamment clairement les deux plateaux, et l’avance à dépression.
Commencez par démonter la tête de l’allumeur qui est dans presque tous les cas clipée sur le corps par l’intermédiaire de deux brides de retenue. Dans certains cas cependant (AC Delco par exemple), le couvercle est vissé par deux grosses vis. Avant de déposer le distributeur, vous inspecterez la tête elle ne doit pas être craquelée ou fendillée avec des traces de brûlures, particulièrement entre les bornes haute tension à l’intérieur.
Le charbon, s’il est mobile (dans ce cas, le doigt de distributeur ne comporte pas de lame de ressort), doit coulisser librement dans son logement. Les bornes haute tension ne doivent pas être brûlées ou piquées ou usées par frottement de l’extrémité du doigt. Enfin, il faut que les fiches de branchement des fils de bougies et de bobine (photo 2) sur la face extérieure soient propres ; afin d’assurer le meilleur contact possible, le cuivre ne doit pas être oxydé. Au cours de cette inspection, vous laisserez les fils en place sur le couvercle et vous les débrancherez et les rebrancherez un par un pour vérifier l’état des branchements (photo 3).
Si le distributeur d’allumage est difficile d’accès et qu’il est impossible de démonter ses éléments en place, il faudra le déposer, puis travailler sur un établi. Le distributeur est fixé sur le côté du bloc-cylindres ou à l’extrémité de la culasse. Il est retenu soit par une bride de serrage, soit par une fourche en tôle boulonnée sur le moteur et qui s’applique sur un épaulement à la base de l’allumeur. Desserrez la bride ou la fourche et déposez le distributeur, simplement en tirant dessus.
Sous l’effet de la rotation, les masselottes s’écartent, ce qui fait tourner le plateau supérieur et détermine l’avance à l’allumage (avant le point mort haut).
Après avoir enlevé le doigt (photo 5), en tirant dessus, la première opération consiste à démonter les contacts du rupteur (photo 6). Un écrou ou une vis retient l’extrémité de la lame de ressort qui prend la forme d’une bride dans le cas d’un écrou, ou d’une échancrure dans le cas d’une vis. Déposez ensuite les rondelles isolantes, les cosses électriques aux extrémités des fils, et les entretoises isolantes, s’il y en a, en notant soigneusement leur ordre respectif, leur emplacement et la position ou le sens dans lesquels elles sont montées. Il n’y a plus qu’à desserrer la ou les deux vis, qui retiennent la partie fixe (photo 7). Déposez la partie fixe et le linguet de la partie mobile en les dégageant vers le haut, car ils sont souvent enfilés sur un axe. Il y a parfois une rondelle isolante entre le linguet et la partie fixe, faites attention à ne pas l’égarer.
Il faut maintenant continuer à déshabiller le plateau du rupteur qui porte parfois le condensateur. Dans tous les cas, il y a deux fils électriques à l’intérieur du distributeur : l’un d’eux amène le courant depuis une borne en nylon, engagée sur le côté du corps, ou depuis une borne vissée au même endroit et isolée par des rondelles ; l’autre fil amène le courant au condensateur. Ces deux fils sont toujours branchés ensemble et reliés électriquement à la partie mobile (c’est-à-dire au linguet du rupteur), généralement par l’intermédiaire de la fixation de l’extrémité de la lame de ressort. Celle-ci est donc toujours isolée électriquement de la masse du distributeur. Notons que l’on trouve parfois un petit fil de masse (Lucas) reliant la partie mobile du plateau du rupteur à la partie fixe. Ce petit fil est quelquefois pris dans la bride de fixation du condensateur.
Déposez ensuite le condensateur fixé par une bride et une vis cruciforme. Dévissez e fil de masse, dont l’une des cosses peut être fixée avec une des vis retenant le plateau fixe. Après avoir démonté tous les branchements électriques, les contacts du rupteur et le condensateur, il faut déposer l’avance à dépression (photos 13 et 14) et les plateaux mobile et fixe. La capsule du correcteur d’avance à dépression est fixée sur le corps de l’allumeur par deux vis et la tige de commande est fixée au plateau mobile par une bride engagée sur une tige.
Il y a parfois un petit clip sur la tige qu’il faut dégager avec précaution pour ne pas le perdre. Une des vis de la capsule retient souvent le support de l’un des deux clips qui retiennent la tête d’allumeur. Notons que sur les allumeurs Lucas, la capsule est fixée au corps par une tige qui le traverse et qui est munie à son extrémité d’un réglage micrométrique. Une mollette est vissée sur la tige et s’engage sur un petit ressort, en forme de bride, placé dans un logement. Un tout petit clip retient la mollette et il faut le dégager avec précaution pour ne pas risquer de le perdre. Dévissez complètement la mollette et le ressort viendra avec. La tige mobile de la capsule est engagée sur un axe qui comporte parfois un clip qu’il faut enlever.
Le plateau fixe est généralement vissé sur le corps du distributeur et le plateau mobile est fixé dessus grâce à un clip et à un ressort d’appui sur sa face inférieure. Sur d’autres allumeurs, il n’y a pas de plateau fixe mais seulement un plateau mobile qui peut être fixé dans le corps de l’allumeur par l’intermédiaire d’un très grand roulement à billes. En fait, le plateau mobile constitue la cage interne du roulement à billes. Ce genre de plateau est fixé au corps par un très grand circlip, retenu par des ressorts épingles fixés aux vis qui maintiennent les clips de fixation de la tête d’allumeur. Dans tous les cas, le plateau mobile doit pouvoir se déplacer librement et sans point dur.
Lorsque les deux plateaux sont déposés, vous voyez apparaître au fond du distributeur le dispositif d’avance centrifuge constitué de deux masselottes pivotantes, rappelées par deux ressorts différents fixés à l’arbre (photo 11). Les masselottes, en forme de quartier d’orange, sont articulées sur un plateau, sur l’arbre inférieur ; sous l’action de la force centrifuge, elles s’écartent et appuient sur deux roulettes, montées « folles » sur un autre plateau, fixé à l’arbre supérieur. Les deux arbres sont emmanchés l’un dans l’autre et les deux plateaux retenus l’un à l’autre par deux ressorts.
Il faut décrocher les deux ressorts, ce qui libère l’arbre et le plateau supérieur. Dans certains cas cependant, il est retenu au sommet de l’arbre par une vis, cachée sous un feutre placé sous le doigt du distributeur. Enlevez les deux masselottes qui sont retenues sur leur axe par deux petits circlips. Il ne reste plus qu’à sortir l’arbre du distributeur, du bas vers le haut. L’entraînement de l’arbre est généralement goupillé sur celui-ci ; il faut chasser la goupille avec un chasse-goupille.
Sur certains distributeurs, la goupille est retenue par un petit ressort souple, à spires jointives, enroulé autour de l’entraînement et qui s’enlève en tirant dessus. Il y a parfois, en plus, un circlip qui retient l’arbre et qu’il faut enlever ; l’arbre peut alors être extrait vers le haut. Notez l’emplacement des rondelles. Certains distributeurs comportent un joint spi destiné à empêcher les remontées d’huile du moteur, vous pouvez l’extraire en faisant levier avec un tournevis.
Dans la plupart des cas, l’arbre tourne dans une ou plusieurs bagues en bronze, mais on trouve parfois un roulement à billes. Prenez le jeu en remuant l’arbre latéralement et changez les bagues ou le roulement si c’est nécessaire. Les autres pièces ne sont normalement pas susceptibles de s’user, mais assurez-vous qu’aucune pièce n’est cassée ou desserrée accidentellement. Vérifiez que les ressorts ne sont ni cassés ni décrochés, que les masselottes sont libres, que les arbres inférieur et supérieur tournent librement l’un dans l’autre, que le plateau mobile l’est réellement et, d’une manière générale, que tout est en état, sans usure ou frottements anormaux.
Il reste à vérifier l’état de la capsule du correcteur d’avance à dépression. Cette capsule comporte une membrane qui doit être pratiquement étanche à l’air. Il suffit de rentrer la tige de commande vers l’intérieur de la capsule, puis d’obturer le trou d’arrivée de dépression avec le doigt. La tige de commande doit alors revenir doucement à sa position initiale ; si elle revient instantanément, c’est que la membrane fuit. Il convient alors de remplacer la capsule puisque, sertie, elle n’est ni démontable ni réparable. Il faut ensuite nettoyer soigneusement tous les éléments avec du liquide nettoyant et un pinceau, puis remonter le distributeur.
Dessin de gauche, ce schéma montrant la liaison entre l’allumeur et le carburateur permet de comprendre le principe de fonctionnement de l’avance automatique à dépression. Dessin de droite, la capsule du correcteur d’avance à dépression renferme une membrane maintenue par un ressort. Lorsque la dépression se forme, la membrane est attirée, ainsi que la tringle.
Le remontage s’effectue à l’inverse du démontage, après avoir nettoyé soigneusement les pièces. Il n’y a pas de difficultés particulières et vous opérerez à l’inverse du démontage. Les bagues ou le roulement de l’axe ne doivent présenter aucun jeu latéral et vous les remplacerez si nécessaire. Le joint spi doit être remplacé à moins qu’il ne soit en parfait état, c’est-à-dire que ses lèvres ne portent pas de traces de frottement. Les masselottes ne doivent pas avoir trop de jeu sur leur axe. Quant aux ressorts, s’ils ne sont pas cassés, vous pourrez les conserver. Le plateau mobile ne doit pas avoir de jeu et la capsule à dépression doit être étanche (vérifiez-la comme indiqué plus haut). A part ces pièces, aucun autre élément n’est susceptible de s’user anormalement, il suffira de remplacer ce qui est cassé ou détérioré accidentellement.
Les bagues en bronze doivent être trempées dans l’huile moteur, pendant au moins une nuit avant le remontage, afin que le bronze poreux puisse s’imbiber. Passez le roulement à la graisse universelle tandis que les articulations (axes et galets des masselottes, arbre supérieur, plateau mobile, biellette ou tige de commande de la capsule à dépression, linguets des contacts du rupteur) doivent être lubrifiées, à la burette, de quelques gouttes d’huile moteur. Remontez des contacts de rupteur neufs et un condensateur neuf (bien que celui-ci soit assez solide, il vaut mieux le remplacer systématiquement ; il ne coûte presque rien et peut être la source d’une panne très difficile à déceler, car il peut fonctionner parfaitement normalement à froid et tomber en panne à chaud).
Profitez-en pour vérifier l’état du chapeau du distributeur en contrôlant, notamment, le charbon qui se trouve au centre. Vérifiez aussi le rotor, et surtout sa partie métallique. En cas de piqûres visibles, n’hésitez pas à la remplacer. Avant de replacer le rotor, n’oubliez pas de déposer une ou deux gouttes d’huile sur le feutre de l’axe du distributeur. Si vous avez soigneusement noté l’emplacement de toutes les pièces lors du démontage, vous n’aurez éprouvé aucune difficulté pour remonter votre distributeur.
Il ne reste plus qu’à régler l’écartement des contacts du rupteur en pleine ouverture (le linguet mobile reposant sur le sommet d’une came). Si vous avez déposé l’allumeur, replacez-le sur le moteur en réglant l’avance à l’allumage et donc en le positionnant de façon adéquate. Remettez la tête d’allumeur, rebranchez le fil d’alimentation et, éventuellement, les fils haute tension dans l’ordre convenable. Il ne reste plus qu’à essayer de démarrer. Notons que si vous avez fait une erreur quelque part et que le moteur refuse de partir, il n’y a aucun risque pour les organes mécaniques.