Apparue en 1972, la "petite" Peugeot 104 fut présentée comme devant remplacer la 204, ce qui contribua probablement à la désaffection relative que lui manifesta la clientèle, face à la toute nouvelle Renault 5 qui prenait son essor. Il faudra attendre les 104 Z pour que Peugeot voit ses ventes remonter. Cette voiture présentait nombre d’innovations, spécialement dans la conception de son ensemble motopropulseur. Tout d’abord au niveau du moteur, transversal et fortement incliné, avec la boîte de vitesses accolée sous le carter de vilebrequin.
Cet ensemble sera également monté sur les Renault 14. Cette architecture fut ensuite reprise sur la Talbot Samba, puis sur la Peugeot 205, sauf sur les versions GTI à moteur XU accolé à une boîte de vitesses en bout. La méthode de rénovation des transmissions décrite dans ces fiches s’applique donc aussi, à quelques nuances près, à ces voitures.
En sortie du carter de différentiel, deux demi-arbres identiques transmettent la puissance aux roues. Ces arbres comportent chacun deux joints d’articulation, assurant une transmission homocinétique un joint G.I. du côté sortie du différentiel (joint interne) et un joint G.E. du côté de la fusée de roue (joint externe). Le joint G.I. est une articulation tripode homocinétique coulissante, graissée à vie. Il comporte un tripode à 3 tourillons, muni de 3 galets à aiguilles chaque galet étant emprisonné en rotation dans l’une des 3 gorges d’une tulipe (disposées à 120°).
Il est abrité dans un protecteur composé d’un capot cylindrique en tôle, serti sur l’épaulement de la tulipe, et d’un soufflet en caoutchouc. Le joint G.E. est constitué d’un embout porte-fusée comportant 3 logements cylindriques dans lesquels se loge un bloc à 3 galets et tourillons ; chaque galet est emprisonné dans l’une des 3 gorges (disposées à 120°) d’une tulipe qui fait corps avec l’arbre de liaison par l’intermédiaire d’un bol en tôle serti. Ces joints de transmission prennent, avec le temps, du jeu, résultant essentiellement de l’usure des lèvres des galets et des encoches des tulipes dans lesquelles ils coulissent.
Cette usure dépend évidemment de la façon dont la voiture a été maniée, et en particulier de la conduite en virage qui lui a été imposée. La détérioration de la suspension avant, ainsi que le défaut d’équilibrage des roues peut accélérer l’usure des joints de la transmission, de même que les démarrages brutaux effectués avec les roues braquées.
Lorsque le protecteur d’un joint est entaillé ou déchiré, il laisse s’échapper la graisse qu’il contient et pénétrer des saletés, notamment des grains de sable qui peuvent endommager sérieusement les éléments mobiles à l’intérieur du joint. C’est pourquoi il importe de vérifier, à l’occasion de chaque vidange, l’état des protecteurs. Un jeu excessif dans les joints de transmission se traduit par des vibrations dans le volant, accompagnées d’un "grognement" caractéristique, dont la fréquence est proportionnelle à la vitesse du véhicule. Pour vous assurer que ces signes proviennent bien des joints, lancez la voiture sur une descente (sur une route déserte) et mettez au point mort ; tendez l’oreille par la vitre baissée si le bruit persiste et s’accélère au fur et à mesure que la voiture prend de la vitesse, les joints sont bien en cause.
Confirmez le diagnostic en plaçant la voiture sur un parking bien dégagé, roues braquées à fond, en donnant de petits coups brutaux d’accélérateur : des secousses dans le volant confirment l’usure des joints de transmission. Le protecteur du joint externe, le plus exposé, est généralement le premier à présenter des symptômes d’avarie. Sur certaines transmissions de traction avant, ce protecteur peut se remplacer sans avoir à déposer le demi-arbre.
Sur les Peugeot 104 et Talbot Samba, il faut déposer les demi-arbres et remplacer systématiquement en même temps les protecteurs des deux joints. S’il s’avère qu’un cardan est endommagé, il est recommandé de remplacer les 4 cardans en une seule fois, pour éviter d’avoir à déposer à nouveau les demi-arbres lors de l’avarie d’un autre joint, qui risque fort de se produire peu de temps après. Dans ce cas, d’ailleurs, vous pouvez vous contenter de remplacer les demi-arbres complets, fournis en échange-standard dans le réseau Peugeot-Talbot. Cette opération prend beaucoup moins de temps et ne nécessite pas l’habileté et le soin qui s’imposent si vous optez pour rénover vous-même les joints de transmission.
Serrez le frein à main et placez des cales derrière les roues arrière. Levez l’avant de la voiture et calez le soigneusement sur des chandelles, roues avant pendantes. Pour dégager au mieux l’espace de travail, placez celle-ci sous un robuste bastaing, lui-même calé sous les pattes de fixation du pare-chocs, de telle façon que ce dernier l’empêche de riper en avant. Pour plus de précautions, vous pouvez maintenir le bastaing en le ficelant solidement derrière le pare-chocs. Vidangez environ 2 litres d’huile du carter et replacez le bouchon de vidange. Déposez les paliers de la barre antidévers sur le berceau qui porte l’ensemble motopropulseur et le train avant.
Notez soigneusement la disposition des pièces de fixation de ces paliers (ou faites une photo instantanée). *Posez également l’écrou de l’articulation du bras inférieur de suspension sur le berceau. Braquez le volant à fond d’un côté et verrouillez la direction dans cette position en retirant la clé de contact. Lorsque vous aurez déposé le demi-arbre du côté de la roue ainsi braquée vers l’extérieur, recommencez l’opération dans l’autre sens, pour déposer l’autre demi-arbre. Il faut ensuite comprimer les suspensions avant.
Pour cela, calez une traverse constituée d’un fer "U" ou d’un solide bastaing sous les fixations inférieures des jambes McPherson et levez-la à l’aide du cric jusqu’à ce que la barre antidévers se trouve approximativement horizontale. Déposez les extrémités de la barre antidévers hors des articulations élastiques des bras de suspension ; puis tirez la roue au maximum vers l’extérieur et vers l’avant. Prenez l’arbre de transmission à pleines mains ; repoussez-le au maximum vers le carter du différentiel et dégagez complètement la fusée hors du moyeu de roue, en veillant à ne pas endommager au passage le flexible de frein. Tirez ensuite l’arbre pour le sortir des cannelures du différentiel, en veillant à l’extraire bien dans l’axe.
Portez le demi-arbre sur l’établi, nettoyez-le à l’aide de chiffons et examinez-le. Si vous découvrez des traces d’avarie sur les cannelures (piqûres, rainures, arrachements), il faut remplacer l’ensemble du demi-arbre. Si celui-ci présente des traces de corrosion, traitez-les après nettoyage à la toile émeri.
Tout travail sur les joints de transmission doit s’effectuer dans des conditions de propreté scrupuleuse, pour éviter d’y introduire des poussières qui provoqueraient une usure précoce. Après dépose de chaque protecteur, nettoyez le joint et la partie de l’arbre abritée par le protecteur, en évacuant au maximum la graisse qui y est accumulée, uniquement à l’aide de chiffons- N’utilisez surtout jamais un dégraissant ou un produit chimique quelconque : il pourrait polluer la graisse neuve placée au montage, provoquant une destruction chimique qui lui ferait rapidement perdre toute son efficacité.
Commencez par ouvrir la protection du joint G.I. (côté différentiel), après avoir protégé la portée du joint spi et les cannelures d’extrémité de l’arbre en les enroulant dans du ruban adhésif créponné. Dégagez le capot métallique, repérez la position angulaire du tripode et protégez également celui-ci en l’enrobant de ruban adhésif qui maintiendra les galets en place. Le tripode se chasse à la presse, en interposant une entretoise que vous pouvez confectionner vous même. A défaut de disposer d’une presse, vous pouvez employer un extracteur de roulements à griffes, ou encore un décolleur à potence.
Lorsque la tulipe et le tripode ont été déposés, faites glisser hors de l’arbre le soufflet en caoutchouc et son bracelet élastique de retenue. Déposez ensuite le soufflet en caoutchouc qui protège le joint G.E. (côté moyeu de roue). Lors de cette opération, veillez bien à ne pas désaccoupler le demi-arbre de liaison avec la fusée de roue. Pour cela, travaillez sur l’établi, en laissant le joint G.E. et la fusée reposer sur un journal posé sur l’établi. Si ce joint est désassemblé accidentellement, ou s’il est très endommagé, il faut remplacer l demi-arbre de transmission complet.
Lors du remontage des joints et de leurs protections, garnissez l’intérieur de celles-ci de graisse spéciale (environ 120 à 140 g maximum pour chaque joint) en veillant à ce qu’aucune saleté ne pénètre dans l’assemblage. Le montage de la protection du joint G.I. se termine par un sertissage de la lèvre du capot métallique sur l’épaulement arrière de la tulipe.
Dans le joint G.I., insérez une baguette en laiton (baguette de brasure, par exemple) pour évacuer l’excès d’air. En tenant l’arbre dans une main et la fusée dans l’autre, rapprochez ou écartez ces pièces pour faire coulisser le tripode jusqu’à obtenir une cote de 186 mm entre la face arrière de l’épaulement de la tulipe et l’extrémité du soufflet en caoutchouc qui serre sur l’arbre.
Le remontage des demi-arbres suit l’ordre inverse du démontage. Serrez l’axe d’articulation des bras de suspension à 3,5 m.daN et les écrous de la barre antidévers sur les bras à 5,5 m.daN. Lorsque la barre antidévers est remontée, débridez la suspension, redressez les roues et reposez la voiture au sol. N’oubliez pas de refaire le plein d’huile du carter moteur-transmission, après avoir bloqué son bouchon à 2,75 m.daN.