Sur une autre fiche, nous vous avons montré comment vérifier l’état de la direction et du train avant. Si toutes les rotules et biellettes sont dans un état satisfaisant, et qu’il y a toujours du jeu dans la direction, il est certain que ce jeu vient du boîtier de direction lui-même. Nous nous proposons donc de vous donner la marche à suivre pour refaire votre boîtier de direction.
Le principe de fonctionnement d’un boîtier de direction est très simple : par l’intermédiaire de la colonne de direction, le volant entraîne une vis sans fin qui s’engrène sur un secteur denté, solidaire d’un axe portant la biellette et transmettant le mouvement aux roues. La vis sans fin tourne souvent sur des roulements à billes non encagées, tandis que l’axe du secteur denté est monté dans des bagues en bronze.
Sur certains boîtiers, le secteur denté est remplacé par un bras portant un doigt s’emboîtant dans la vis sans fin ; sur d’autres, le bras se déplace sur un écrou, s’articulant sur la vis sans fin par l’intermédiaire de billes. Ce dernier type de boîtier, de loin le plus doux à manier, est appelé direction à recirculation de billes. Le travail à effectuer est à peu près le même sur ces différents types de boîtiers. Ces directions se voient de plus en plus supplantées par les directions à crémaillère, assistées ou non.
Suivant que le boîtier de direction se trouve à l’intérieur du compartiment moteur ou à l’intérieur de l’aile, il faut retirer ou non la roue et monter la voiture sur cric. Lorsque vous avez accès au boîtier, commencez par retirer la colonne de direction. Celle-ci est souvent raccordée au boîtier au moyen d’un Silent-bloc destiné à amortir les vibrations que pourraient transmettre les roues. Dévissez ensuite le gros écrou maintenant la biellette de direction, puis retirez la biellette. Dans la majeure partie des cas, la biellette est maintenue sur un cône cannelé et ne peut être retirée qu’à l’aide d’un extracteur (photo 1). Essayez de vous en faire prêter un par un garagiste, sinon louez-en un. Enlevez les boulons de fixation pour pouvoir retirer le boîtier de son support.
Avant de démonter le boîtier, vidangez-le de son huile dans un récipient approprié, puis nettoyez-le soigneusement avec une brosse métallique. Si vous êtes consciencieux, terminez le nettoyage avec un pinceau trempé dans du gazole. Placez votre boîtier sur l’établi, de préférence sur un chiffon blanc propre.
Dévissez le contre-écrou de la vis de réglage du boîtier (photo 2), puis retirez la vis (photo 3) et le contre-écrou. Dévissez les vis maintenant le couvercle en place sur le boîtier (photo 4), puis déposez le couvercle (photo 5). Notez l’emplacement de toutes les pièces, lors du démontage, pour éviter toute confusion pendant le remontage.
Retirez l’anneau de guidage situé sur le dessus du secteur (photo 7), puis tirez le secteur et son axe vers le haut (photo 8). Avant de le retirer complètement, bougez-le latéralement afin de déceler tout jeu dans les bagues en bronze. Si le jeu est excessif, il faut remplacer les bagues lors du remontage (en fait, l’axe doit tourner gras, sans jeu décelable).
Dévissez les quatre vis qui tiennent le couvercle maintenant le roulement avant de la vis sans fin, puis déposez le couvercle (photo 9) avec ses cales de réglage (photo 10) ; attention de ne pas les abîmer. Tirez sur la vis sans fin pour pouvoir chasser la cage extérieure du roulement (photo 11). Faites attention aux billes qui ne sont pas encagées, elles risquent de rouler aux quatre coins de votre atelier. Mettez-les dans un petit sachet de plastique. Retirez la vis sans fin avec l’écrou (photo 12), en faisant, là aussi, attention aux billes du deuxième roulement que vous allez ainsi dégager. Rangez-les de la même manière que les premières.
Si vous avez affaire à une direction à recirculation de billes (comme c’est le cas ici), récupérez les billes situées entre l’écrou et la vis sans fin ainsi que celles qui sont encagées dans le couloir de fonction, et rangez les soigneusement. Veillez à ne pas les mélanger avec celles des roulements car elles ne sont pas forcément du même diamètre. Une fois toutes les billes récupérées, retirez la cage de chacun des roulements (photos 13). Chassez ensuite la bague en bronze de l’axe du secteur (photo 14).
Le boîtier est maintenant complètement démonté et vous allez pouvoir inspecter l’état de toutes les pièces qui le composent. Nous avons vu plus haut comment vérifier le bon état des bagues en bronze dans lesquelles tourne l’axe du secteur. Inspectez avec soin les cages internes et externes des deux roulements à billes dans lesquels tourne la vis sans fin (photo 15). Si elles sont creusées ou piquées, ils faut les remplacer. Si les billes sont endommagées, remplacez-les également. Si les cages internes sont « mortes » et qu’elles sont d’une seule pièce avec la vis sans fin, remplacez l’ensemble.
Inspectez maintenant les chemins de roulement de l’écrou (photo 17) et de la vis sans fin (photo 16), ils doivent être en parfait état. Il est bien évident que si la vis sans fin, l’écrou et les roulements sont usés, cela vous coûtera moins cher de remonter le boîtier tel quel, et de le donner en échange standard, si cela est possible. Il est cependant très rare que la vis sans fin et son écrou s’usent. Les seules parties à remplacer sont souvent les roulements à billes et les bagues en bronze (sans oublier les divers joints, que ce soient des joints papier ou des joints Spi). Toutefois, il est à noter que tous les mécanismes de direction ont tendance à s’user davantage en position « ligne droite », puisque c’est la plus fréquemment utilisée.
Ainsi, il est parfois possible de prolonger la vie d’un boîtier à vis et secteur, ayant trop de jeu entre ces deux organes, en décalant d’une cannelure le secteur par rapport au volant. Ainsi, en position « ligne droite », ce sont d’autres portions du secteur et de la vis qui seront en contact, et le jeu sera réduit. Bien sûr, on le retrouvera partiellement au braquage mais il sera beaucoup moins gênant.
De même, pour les boîtiers à vis et galet : en position « ligne droite », au bout d’un long kilométrage, le galet arrive à « marquer » la vis toujours au même endroit et il se forme un « plat » sur cette portion du filet. C’est très désagréable car la direction semble « coller » en manifestant une prédilection pour la ligne droite. Il faut alors tourner la vis par rapport au volant afin que sa partie marquée soit opposée à celle qui est en prise avec le galet. Encore une fois, on retrouvera évidemment un point dur au braquage, mais il sera moins gênant qu’en ligne droite. Ces dépannages sont intéressants, surtout lorsque les pièces neuves sont introuvables.
Quand vous irez acheter les pièces, spécifiez bien la marque, l’année et le modèle de votre voiture. Au besoin, notez le numéro du boîtier de direction, pour éviter les mauvaises surprises. Certains constructeurs ne vendent pas de pièces détachées pour les boîtiers de direction ; seuls les boîtiers complets sont disponibles, en rechange. Dans ce cas, vous n’avez guère le choix et il faut passer par l’achat d’un boîtier neuf qui est, hélas, fort cher.
Toutefois, s’il n’y a que les roulements et les bagues en bronze qui sont usés, prenez les dimensions de ces composants pour en obtenir de semblables. Des roulements neufs se trouvent chez les grossistes dans ce genre d’accessoires. Quant aux bagues, vous pouvez en faire usiner de nouvelles par une petite entreprise de mécanique générale. La dépense sera assez modeste, et vous sauverez ainsi votre boîtier d’origine.
Pour remplacer les bagues (photo 19), ii faut les enfiler en place à l’aide d’un étau. Si elles sont dures à rentrer, n’hésitez pas à chauffer le carter à l’aide d’une lampe à souder ; cela facilite l’emmanchement. Replacez les billes du roulement arrière de la vis sans fin en les collant avec de la graisse sur la cage extérieure (photo 20), puis remettez la cage en place dans le carter du boîtier sans faire tomber les billes (photo 21).
Faites de même en ce qui concerne les billes et la cage du roulement avant ; enfilez la vis sans fin dans le boîtier jusqu’à ce qu’elle vienne sur le roulement arrière, puis enfilez le roulement avant de l’autre côté jusqu’à ce qu’il vienne en appui sur la vis sans fin (photo 22). S’il s’agit d’une direction à recirculation de billes, reposez l’écrou et ses billes (sans oublier celles qui doivent se loger dans le canal de jonction) avant d’emboîter l’extrémité de la vis sans fin dans le roulement arrière (photo 23). Là aussi, faites tenir les billes avec de la graisse.
Remettez le couvercle par-dessus le roulement arrière et vissez-le (photos 24 et 25). Faites tourner la vis sans fin : elle doit tourner librement sans aucun jeu. S’il y a du jeu ou si elle force, faites le réglage en ajoutant ou en retirant des cales d’épaisseur sous le couvercle. Lorsque vous avez trouvé la bonne mesure, bloquez fermement les quatre vis de fixation du couvercle. Prenez le secteur et son axe. Huilez l’axe avec une huile épaisse, spéciale pour boîtiers de direction (la viscosité à employer est indiquée sur le manuel d’entretien de votre voiture). Engagez l’axe dans ses bagues en bronze, puis remettez l’anneau de guidage par-dessus.
Grattez les restes du vieux joint sur le couvercle du boîtier et montez-en un neuf. Si vous ne pouvez pas en obtenir un chez votre concessionnaire, taillez-le dans une feuille de papier à joint, telle que de la klingérite. Posez le joint neuf et remettez le couvercle en place. Serrez convenablement les vis de fixation puis revissez la vis de réglage et son contre-écrou. Vissez la vis de réglage à fond avec les doigts, puis resserrez le contre-écrou sans modifier la position de lavis.
La repose du boîtier s’effectue exactement en sens inverse de la dépose. N’oubliez pas de remplir le boîtier d’huile et de bien refermer son bouchon de remplissage.