De nombreuses réparations au niveau du moteur imposent son démontage plus ou moins complet. C’est le cas, notamment, lorsqu’on veut procéder à la réfection de l’embiellage. Vous trouverez dans ces pages toutes les informations concernant le démontage complet d’un moteur, les photographies illustrant le cas spécifique des démontages exigés pour la réfection de l’embiellage.
Toutes ces opérations font bien sûr suite à la sortie du moteur (ici celui d’une Renault des années 1980). S’agissant du seul embiellage, elles ne demandent que peu d’outillage spécifique. Il n’en est pas de même pour l’intervention sur les pistons et la culasse.
La réfection de tout ou partie d’un moteur demande son démontage plus ou moins complet (ici dépose du vilebrequin).
Après avoir sorti le moteur, sans difficulté puisqu’il suffit de débrancher toutes les tuyauteries, les canalisations et les câbles de commande, de déboulonner le moteur de ses fixations et de le sortir du compartiment moteur, il s’agit de passer au démontage lui-même ; ce travail est long et minutieux. Vous devez vous munir d’un certain nombre d’outils spéciaux : une clé dynamométrique, un collier à segments, un micromètre, appelé Palmer, éventuellement un mandrin d’embrayage.
Un comparateur sera peut-être nécessaire, procurez-vous aussi les outils spéciaux - prévus par le constructeur - pour le remontage du moteur. Enfin, il est prudent de disposer d’une boîte compartimentée dans laquelle vous pourrez ranger la boulonnerie ; ainsi, vous mettrez tous les boulons du cache culbuteur dans une case, tous ceux de la culasse dans une autre, et ainsi de suite.
Votre moteur étant sorti de la voiture, profitez du fait qu’il est encore suspendu à la chaîne du palan pour le vidanger, retirer le filtre à huile, et décoller les boulons de fixation du carter d’huile (photo 1). Déposez-le ensuite sur le sol, en plaçant des cales de bois pour continuer le démontage du carter (photos 2 et 3) et celui des différents accessoires.
Commencez par démonter les fixations de la génératrice (dynamo ou alternateur) afin de déposer celle-ci, et laissez la patte de tension fixée à la génératrice. Enlevez la courroie de ventilateur et démontez l’hélice du ventilateur pour accéder aux boulons qui maintiennent la pompe à eau. Démontez les boulons, enlevez la pompe à eau, éventuellement en faisant levier avec la lame d’un tournevis pour la décoller de son joint.
Vous pouvez procéder au démontage du ventilateur (photo 4) et de la poulie entraînant sa courroie (photo 5), qui est habituellement fixée à l’extrémité du vilebrequin. Cette poulie est souvent maintenue par un unique gros boulon central qui est freiné ; il faut donc rabattre la patte en tôle puis le desserrer avec une très grosse clé à pipe après avoir bloqué le vilebrequin pour l’empêcher de tourner.
Si le moteur a été sorti avec sa boîte de vitesses et que vous ne l’avez pas encore enlevée, il suffit simplement d’enclencher une vitesse et de coincer un levier dans l’arbre de sortie de boîte. Vous aurez peut-être besoin d’un assistant pour tenir ce levier pendant que vous démonterez la poulie. Lorsque le gros boulon a été desserré, il faudra peut-être extraire la poulie en utilisant un arrache-moyeux.
Si votre moteur est à entraînement d’arbre à cames par courroie crantée, démontez la courroie après avoir desserré l’écrou de la poulie du tendeur. Si votre moteur est à entraînement par chaînes, vous pouvez passer au démontage de la distribution.
Le carter de distribution est de forme ovale, il est maintenu par une série de petites vis ou d’écrous de petites dimensions. Démontez tous ces écrous puis faites légèrement levier avec la lame d’un tournevis pour décoller le carter de son joint. Une fois le carter enlevé (photo 6), vous avez accès à la chaîne. Si la chaîne comporte une attache rapide, faites sauter le clip puis le maillon intermédiaire, afin de démonter la chaîne que vous dégagerez hors des deux pignons pour vous permettre de démonter ces derniers.
Si la chaîne ne comporte pas de maillon à attache rapide, défaites le tendeur de chaîne (photo 7), puis démontez le pignon de l’arbre à cames (photo 8) ; celui-ci est fixé par un gros boulon central ou par deux ou trois petits boulons qui sont freinés. Après avoir rabattu les freins, démontez les boulons et enlevez le pignon. Vous pouvez ainsi dégager la chaîne (photo 9), et il ne vous reste plus qu’à enlever le pignon d’entraînement sur le vilebrequin, bien que cela ne soit pas indispensable.
Le moteur étant ensuite couché sur le flanc, vous pouvez facilement démonter la pompe à huile. Elle est généralement boulonnée sur le bloc. Il suffit alors de défaire les boulons de fixation (photo 10), puis de tirer la pompe à huile bien droit (photo 11). Si vous vous limitez à la réfection de l’embiellage, le « déshabillage » peut s’arrêter là. Mais pour une réfection totale, il faut continuer certains démontages. Démontez la pompe à essence mécanique s’il y en a une ; elle est sur le côté du bloc-cylindres et maintenue par deux écrous. Notez au passage la position des entretoises s’il y en a, et décollez la pompe de son frein, toujours avec la lame d’un tournevis.
Si le moteur a été sorti avec sa boîte de vitesses, démontez tous les boulons situés sur le pourtour de la cloche d’embrayage, sur le bloc-moteur. Deux ou trois d’entre eux maintiennent le démarreur, enlevez-les si ce n’est déjà fait. Une fois les boulons enlevés, vous ne devez pas rencontrer de problèmes pour séparer le moteur de la boîte, mais faites attention à tirer la boîte dans l’axe du moteur, de façon à ne pas fausser l’embrayage et à ne pas faire subir d’efforts excessifs à l’arbre primaire.
Démontez l’embrayage qui est fixé sur le volant moteur par six ou huit vis sur sa périphérie. Il suffit de dévisser ces vis progressivement de façon à libérer l’embrayage en douceur. Autrement dit, dévissez les vis de deux ou trois tours, l’une après l’autre, en suivant la périphérie de l’embrayage. Lorsque l’embrayage est démonté, enlevez le disque d’embrayage et constatez son état.
Le volant moteur est boulonné sur le vilebrequin par six ou huit vis ; démontez-le. Ces vis sont freinées par un frein en tôle dont il faut rabattre les languettes ; dévissez mais il faudra probablement bloquer le vilebrequin pour l’empêcher de tourner. La meilleure solution consiste à bloquer un outil quelconque dans une des dents du volant moteur, en utilisant un bossage ou un recoin du bloc-moteur. En général, il est aisé de coincer la lame d’un tournevis dans une des dents de la couronne du démarreur sur le volant moteur, et de bloquer le tournevis dans le logement du démarreur. Lorsque vous effectuez cette opération, faites cependant attention de ne pas vous blesser. Il faut donc positionner le tournevis pour lui éviter de riper.
Pour bloquer le vilebrequin, vous pouvez également remonter deux des vis qui maintiennent l’embrayage sur le volant moteur, et coincer dedans un levier. Une manivelle de roue sera bien adaptée à cette fonction. Coincez l’extrémité de la manivelle sur le sol et le volant moteur sera bloqué. Lorsque toutes les vis qui retiennent le volant moteur sont démontées, enlevez le volant moteur en faisant levier avec des démonte-pneus, ou mieux en frappant au maillet sur sa face, côté moteur, par le trou de logement du démarreur. Ce faisant, faites tourner le vilebrequin de façon à dégager le volant moteur peu à peu, en frappant sur toute sa périphérie.
Il est indispensable que les chapeaux de paliers du vilebrequin, les chapeaux de paliers de bielles, les bielles et les pistons soient remontés respectivement à leurs emplacements d’origine. En effet, si vous réutilisez les mêmes pistons, ils ont chacun fait leur place dans leur cylindre. D’autre part, les chapeaux de paliers de vilebrequin et les chapeaux de bielles sont usinés en place sur le moteur et sur les bielles, ils sont donc montés par paires avec leurs éléments respectifs. Le constructeur a, en principe, prévu des marques, des repères ou des numéros, qui permettent de remonter chaque pièce avec son homologue. Cependant, si ces marques ne sont pas prévues, il faut les faire soi-même.
Vous pouvez graver des numéros ou les estamper avec des poinçons, mais si vous ne disposez pas de tels outils, le plus simple sera de frapper des points avec un pointeau. Frappez un point sur le premier palier du vilebrequin, et un point face à ce palier sur le bloc-cylindres, frappez deux points sur le palier suivant, et ainsi de suite. Faites de même pour les bielles, et frappez les points sur le côté de la bielle et sur le côté du chapeau, de façon que celui-ci soit remonté dans le sens initial et ne puisse pas être retourné. Faites toutes vos marques d’un même côté du moteur pour vous repérer plus facilement.
Desserrez les écrous de bielles, tournez le vilebrequin de façon que deux des bielles soient au point mort bas pour accéder aux écrous, et enlevez les écrous et les chapeaux de paliers (photo 12). Faites faire un demi tour au vilebrequin pour atteindre les écrous et les chapeaux de paliers des deux autres bielles.
Lorsque les chapeaux de paliers de bielles ont été démontés, il ne reste plus qu’à déposer le vilebrequin. Pour cela, desserrez les vis de chapeaux de paliers (photos 13 et 14). S’il y a des freins d’écrou, rabattez les pour pouvoir desserrer les boulons. Si vous éprouvez quelques difficultés à desserrer ces gros boulons, utilisez une clé dynamométrique ou un bras de levier sur votre clé. Enfin, si les chapeaux de paliers ne viennent pas facilement, tapez très légèrement sur le côté avec un maillet ou faites levier en glissant délicatement la lame d’un tournevis entre le chapeau de palier et le bloc-moteur.
Quand les chapeaux de paliers sont tous déposés, enlevez le vilebrequin qui est simplement posé sur le bloc-moteur (photo 15). Faites attention, le vilebrequin est relativement lourd, il ne faut surtout pas le laisser tomber. Quand le vilebrequin est enlevé, démontez tous les coussinets hors de leurs logements (photos 16 et 17). Les coussinets comportent un ergot à l’une de leurs extrémités, si vous appuyez fermement avec le pouce sur l’autre extrémité, le coussinet doit glisser hors de son logement. Sinon, glissez la lame d’un tournevis très étroit derrière l’ergot, et décollez le coussinet de cette manière. Procédez de la même façon pour démonter les coussinets de paliers, ceux de chapeaux de paliers, de bielles,et déposez les chapeaux de bielles. S’il y a une tresse en amiante d’étanchéité à l’arrière du vilebrequin, démontez-la puis démontez le palier d’étanchéité s’il est rapporté au bloc-moteur.
Le démontage du moteur est terminé. Si vous devez faire réusiner le vilebrequin, réaléser le bloc-cylindres ou refaire la culasse, assurez-vous que vous avez bien tout enlevé et qu’il ne reste pas de petits éléments qui n’aient pas été démontés, car il faut présenter, à l’atelier spécialisé, des pièces entièrement « déshabillées » et nettoyées. Vous pouvez nettoyer la totalité des éléments qui ont été démontés (photos 18 et 19), au besoin en portant toutes ces pièces dans une station service disposant d’une machine à laver à vapeur. La boulonnerie doit être nettoyée au pinceau avec du fuel ou du nettoyant ininflammable. Grattez également le plan de joint du carter d’huile, sans l’endommager, avec une spatule. Passez ensuite à l’inspection détaillée des pièces démontées.