Il est rare qu’on utilise régulièrement une voiture particulière au maximum de ses possibilités de chargement. Or, le comportement d’une automobile change beaucoup lorsqu’on la place aux limites de ses capacités, spécialement en matière de charge à transporter. Il arrive fréquemment qu’une voiture, habituellement saine, devienne réellement dangereuse lorsqu’on la charge au maximum.
Une écrasante majorité d’automobilistes chargent leur véhicule sans même avoir une notion de sa capacité maximale. Il suffit pourtant de se reporter simplement à la carte grise qui mentionne ces limites :
POIDS T.C. | POIDS à vide | POIDS T.R. |
01T46 | 00T93 | 02T46 |
Ce qui signifie que cette voiture, qui pèse 930 kg à vide (avec les pleins), peut rouler à un poids de 1 460 kg, soit une charge de 530 kg, y compris le poids des passagers et que, si elle tracte une remorque, le poids total de l’ensemble roulant ainsi constitué ne doit pas excéder 2 460 kg.
Ce qui ne signifie pas qu’on puisse tracter une remorque de 1 450 kg avec cette voiture, emportant uniquement un conducteur pesant 80 kg : la charge qu’une voiture de ce type peut tracter ne doit vraisemblablement pas dépasser 1 000 kg (elle ne peut dépasser de plus de 10 % la masse à vide du véhicule tracteur) à condition encore que la remorque soit équipée d’un dispositif de freinage.
Le manuel d’utilisation du véhicule donne généralement des précisions plus détaillées sur les capacités de chargement. De même, la masse remorquable maximum figure dans la Fiche technique du modèle. Conformez-vous scrupuleusement à ces indications : il y va de votre sécurité.
En effet, elles résultent de calculs précis effectués par le constructeur, et validés lors de multiples essais, notamment par l’autorité ayant délivré l’homologation du véhicule (la feuille des Mines).
Au-delà de ces limites, les organes de suspension, de direction et de freinage travaillent hors de leur plage de résistance normale. De plus, vous vous exposez à un procès-verbal des forces de police celles-ci ont d’ailleurs autorité pour vous obliger à abandonner sur place une partie du chargement jugée excessive, ou vous interdire de poursuivre votre route en surcharge.
Le respect de ces limites réglementaires ne suffit cependant pas à vous garantir contre tout risque d’incident, voire d’accident. En effet, elles ont été établies dans des conditions d’utilisation standard. Selon le type de véhicule, le comportement routier se trouve plus ou moins dégradé lorsqu’on roule en charge maximum par temps de pluie ou par temps très chaud.
Il est évident qu’une voiture dont les performances se dégradent beaucoup dans ces conditions défavorables s’avèrera encore plus sensible à la chage qu’une autre, dont le comportement varie peu selon l’état de la route et la température ambiante.
C’est ainsi, par exemple, qu’une voiture à traction intégrale 4x4 tient toujours mieux la route en charge maxi, déjà par temps sec et doux, mais encore plus lorsque les conditions météorologiques sont mauvaises. En particulier, le comportement d’un 4x4 en traction d’une remorque sur chaussée mouillée s’avère énormément supérieur à celui d’une voiture à deux roues motrices.
Dans presque tous les cas de chargement, la différence de charge entre roues avant et arrière s’aggrave considérablement, au détriment des roues avant, fie ce fait, l’efficacité de la direction diminue, de même que la motricité dans le cas d’une traction avant.
Et il ne faut pas oublier que cette motricité joue autant pour démarrer et accélérer que pour ralentir au frein moteur (le plus efficace dans une forte descente). Il faut toutefois rappeler que les Citroën à suspension hydropneumatique bénéficient dans ce cas d’un très net avantage, puisque ce système rétablit (jusqu’à une certaine limite) l’assiette dû véhicule chargé à l’arrière.Par temps très chaud, la puissance du moteur diminue ; ce phénomène est cependant beaucoup moins sensible avec un moteur suralimenté.
Ceci veut dire : consommation accrue, usure aggravée, reprises diminuées. Et les performances du moteur seront encore plus entamées si la voiture est équipée d’un climatiseur, qui tournera en permanence par temps caniculaire. Pour un véhicule en charge maximum, cette réduction des performances signifie une très forte diminution de la capacité à dépasser un autre véhicule : la manoeuvre pouvant même devenir extrêmement dangereuse.
L’échauffement atteint également la boîte de vitesses, ce qui peut avoir des effets désastreux en cas de surchauffe, particulièrement avec une boîte automatique. C’est pourquoi tous les constructeurs recommandent l’adjonction d’un radiateur d’huile sur la boîte automatique d’une voiture qui tracte fréquemment une remorque ou roule souvent à sa charge maximum. Les performances des freins sont également très sensibles à la température ambiante.
D’autant plus que les roues, situées près du sol, supportent la température qui règne à la surface du bitume, souvent plus élevée d’une dizaine de degrés que la température ambiante par fort ensoleillement. D’autres limites techniques doivent être prises en considération lorsqu’on veut rouler en charge maximum. Tout d’abord la visibilité, spécialement vers l’arrière.
La pose de rétroviseurs spéciaux est obligatoire lorsqu’on tracte une remorque dont la largeur est au moins égale à celle du véhicule tracteur (cas d’une caravane, même repliable). Il faut équiper la voiture d’un rétroviseur extérieur droit si la lunette arrière se trouve obstruée par le chargement : porte-bagages sur la malle arrière, coffre chargé jusqu’au plafond après avoir ôté la plage arrière ; plage arrière encombrée (vêtements notamment).
Même si on ne dépasse pas les limites autorisées, il n’est pas toujours judicieux de tasser tout le chargement dans le coffre. Tout d’abord pour éviter une différence excessive de charge entre roues avant et arrière.
Mais il ne faut pas oublier également qu’on peut avoir besoin d’accéder à la roue de secours, logée sous le plancher du coffre ; risque d’autant plus grand qu’on va rouler en charge maximum, et que donc les pneus seront mis à rude épreuve. Placer la roue de secours sur un porte-bagages de toit ou de capot de malle constitue une sage précaution.
Quelle que soit la remorque : attention au gonflage ! |
Remorques bâchées, basses ou surélevées, remorques à couvercle rigide (sur lequel on peut également fixer un petit porte-bagages) ou remorque-plateau toute simple : les matériels disponibles offrent l’embarras du choix. Quelles qu’elles soient, il faut impérativement contrôler la pression de gonflage de leurs pneus avant de prendre la route en charge. Il est sage également d’emporter une roue de secours pour la remorque. |
Pensez également à la roue de secours pour la remorque cela vous évitera d’avoir à abandonner celle-ci au bord de la route (risques de vandalisme) pour aller chercher une hypothétique roue chez un dépanneur.
Si vous chargez le coffre d’objets lourds, pensez à protéger le dossier des sièges avant contre le risque d’enfoncement lors d’une décélération brutale si c’est possible (cas d’un break, notamment), déposez la planche de la plage arrière et calez-la derrière les dossiers, avant de rabattre la banquette arrière. Mais la pose d’une grille de protection constitue également un bon investissement.
Le choix du type de porte-bagages dépend surtout de la forme des objets que vous escomptez y placer. Lors de la répartition des charges entre le coffre et le porte-bagages, affectez au coffre les charges les plus lourdes et placez-les le plus en avant possible.
Réservez pour le porte-bagages de toit les objets les moins lourds, en veillant à ce qu’ils ne soient cependant pas volumineux au point de dépasser du gabarit de la voiture. En pratique, le chargement du toit ne doit pas accroître la hauteur totale de la voiture de plus de 20 %, sous peine d’entamer gravement la stabilité latérale, même en ligne droite.
Pensez également à la pénalité aérodynamique que le chargement sur le toit va imposer à votre voiture. Les coffres de toit, qui se fixent sur deux barres porte-bagages, offrent un compromis intéressant sur ce point.
Enfin, évidemment, arrimez très sérieusement toutes les charges placées sur un porte-bagages. N’hésitez pas à utiliser des sangles spéciales plutôt que des sandows, surtout si vous devez rouler par temps très chaud, où le caoutchouc du sandow perd de son élasticité.